Le Maroc et l’Union européenne envisagent de tenir une réunion pour discuter du dossier djihadistes marocains qui opèrent en Syrie ou qui en reviennent, et dont le nombre serait voisin de 900 personnes. Cette concertation sécuritaire aura lieu au moment où un autre dossier important, celui des exportations agricoles marocaines vers l’Union européenne, continue de souffrir de la dernière mesure unilatérale et inamicale prise par Bruxelles sans concertation avec Rabat.
L’agence de presse espagnole EFE a annoncé mardi que l’Union européenne prépare cette réunion qui pourrait avoir lieu à Bruxelles ou à Rabat entre les ministres de l’Intérieur européens et leur homologue marocain Mohammed Hassad. Dans la pratique, le comité technique se réunira à Rabat dans les prochains jours pour dresser l’ordre du jour sécuritaire et les perspectives de coopération future.
L’Agence affirme que selon des sources européennes, la réunion va examiner la nationalité des djihadistes qui vont en Syrie depuis l’Europe, et dans le cas des Marocains, profitent de la double nationalité pour voyager facilement jusqu’en Syrie. En effet, il est difficile de bien surveiller les individus ayant deux passeports.
Cette future réunion sécuritaire se penchera principalement sur les djihadistes marocains en raison de leur nombre particulièrement élevé. Le journal El Pais a rapporté dimanche, citant un service de sécurité espagnole spécialisé dans la lutte contre le terrorisme, le chiffre de 800 personnes originaires du nord du Maroc qui auraient réussi à partir en Syrie à travers les réseaux de Ceuta et Melilla et du sud de l’Espagne. EFE parle de 900 djihadistes, citant des sources marocaines. Ces djihadistes marocains constituent une source d’inquiétude puisqu’ils se déplacent facilement entre l’Europe, l’Afrique du Nord, la région du Sahel, la Syrie et la Libye.
Le paradoxe flagrant dans les relations du Maroc avec l’Europe est la concomitance entre une coopération dans le domaine de la sécurité et les difficultés dans la sphère économique, au détriment des intérêts du Maroc. Le gouvernement Marocain a adressé jeudi dernier une demande sous forme d’avertissement à l’Union européenne qui insiste sur la nécessité de trouver une solution au différend agricole entre les deux parties.
L’Union européenne avait procédé de façon unilatérale et sans en informer Rabat, à l’annulation de mesures préférentielles en faveur des exportations agricoles marocaines, dont les tomates, ce qui a risque de nuire sérieusement à ce secteur de l’économie marocaine.
A ce jour, l’Union européenne n’a pas réagi à la sollicitation du Maroc. Il n’y a pas encore de date fixée pour la visite d’un responsable marocain à la Commission européenne ou d’un responsable européen à Rabat pour remédier à cette tension.