La tension diplomatique entre le Maroc et l’Algérie ne déclenchera pas un conflit armé

Le roi du Maroc Mohamed VI avec le président algerien Bouteflika

Depuis quelques années, et surtout ces derniers temps, d’aucuns se perdent en conjectures sur une éventuelle guerre entre les deux voisins du Maghreb, l’Algérie et le Maroc. La course aux armements à laquelle les deux Etats se sont livrés, et les motifs qui pourraient être considérés comme des sources de ” casus belli ” semblent conforter cette hypothèse.  A y regarder de plus près, un affrontement armé entre les deux pays est non seulement absurde, mais impossible.

 Voici quelques-unes des raisons qui soutiennent cette affirmation :

 1 – Les deux régimes, malgré leur différence de nature, une république en Algérie et une monarchie au Maroc, n’ont aucune intention de se lancer dans un conflit armé. Des problèmes internes qui peuvent exister dans chaque pays, aucun ne trouvera sa solution dans la guerre, et les deux pays en sont convaincus. Ni Alger ni Rabat ne prendra le risque de jouer sa survie en déclenchant un conflit dont aucun des deux protagonistes ne peut prétendre garantir l’issue. La monarchie du Maroc ne constitue pas un danger pour la République en Algérie, et vice versa.

 2 – La course aux armements dans laquelle les deux pays se sont engagés est justifiée par des raisons internes et d’autres  externes. Sur le plan interne,  les deux armées sont des piliers puissants et fondamentaux des deux régimes respectifs, et contribuent à l’unité nationale et la structuration territoriale. Les armées Marocaine et Algérienne sont toutes les deux au-dessus des conflits régionaux, ethniques, linguistiques ou culturels, chacune consolide la  cohésion et la durabilité de son pays. Sur le plan externe,  l’augmentation de la puissance militaire des deux pays, ce qui permet de jouer un plus grand rôle sur la scène internationale, en particulier au niveau de l’Afrique et en Méditerranée occidentale. Alger et Rabat considèrent qu’une armée moderne, formée, capable de participer à des missions de paix internationales, et aussi de faire face à des menaces terroristes, donne de la crédibilité au pays  et lui permet de faire entendre sa voix dans le concert des nations.

 3 – Les Pays amis et alliés du Maroc et de l’Algérie, qui curieusement, sont les mêmes (la Russie et la Chine entretiennent avec l’Algérie plus des relations de client-fournisseur que celles d’alliés), c’est-à-dire les pays européens et les Etats-Unis, ne permettront pas le déclenchement d’une guerre dans une région sensible du monde, à un jet de pierre de l’Europe et du détroit de Gibraltar. Même si un incident armé éclate, ce qui n’est pas totalement exclu, aussi bien Washington, Paris, Madrid ou Bruxelles vont vite peser de tout son poids pour arrêter les hostilités.

 4 – Les deux pouvoirs d’Alger et de Rabat, et les deux états-majors de leurs armées, savent pertinemment qu’aucun des deux ne pourra gagner la guerre. Un éventuel conflit serait hyper-médiatisé et causerait des pertes humaines importantes. Aucune des deux armées ne peut pénétrer sur le territoire de l’autre et s’y installer  durablement. Aucun des deux pays ne disposant d’une machine de guerre capable d’écraser son voisin, les deux finiront par s’exténuer sans parvenir à une victoire nette.

 5 – Le conflit du Sahara occidental n’est pas une raison suffisante pour déclencher un affrontement, même si le Front Polisario décide de reprendre les armes. L’armée de guérilla sahraouie n’a aucune chance de vaincre les Forces armées royales marocaines, et Alger ne permettra pas que son territoire puisse servir de base de départ de raids permanents contre l’armée marocaine, puisqu’il lui sera impossible de trouver une justification à donner à la communauté internationale et aux pays alliés. Alger pourrait fermer les yeux sur une petite escalade entre les milices du Polisario et l’armée marocaine, mais seulement jusqu’à une certaine limite.

 6 – Les incidents possibles qui peuvent surgir à la frontière commune algéro-marocaine, qui n’est ni correctement délimitée et encore moins ratifiée, ne sauraient  être des épreuves de force entre les deux capitales. Le non – délimitation des frontières n’est pas un problème spécifique entre le Maroc et l’Algérie, mais elle affecte la grande majorité des pays africains, dont les pays du Maghreb.

 7 – Dans les deux pays, les états-majors opérationnels des armées sont strictement soumis au pouvoir politique. Dans le cas du Maroc le vrai pouvoir politique est au Palais Royal, et le roi est le chef de l’Etat. Dans le cas de l’Algérie, le pouvoir politique est plus diffus : il est partagé entre le Président de la République et la hiérarchie militaire, qui participe à la décision politique.

 8 – Contrairement à l’idée que propagent les formations ultra – nationalistes dans les deux pays,  relayées par certains médias qui jouent sur les cordes du racisme et de la xénophobie, la grande majorité de la population, à la fois algérienne et marocaine, ne soutiendrait pas la guerre entre les deux pays. L’histoire commune, la culture, la religion et les similarités ethniques et sociologiques, sont autant de facteurs qui pousseront les deux peuples à refuser l’idée de conflit, qui ne ferait que semer la mort et la destruction.

 

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