Les résultats des élections du Parlement européen, qui ont eu lieu le dimanche 25 mai, constituent un tournant dans le paysage politique du vieux continent, avec le recul des forces politiques classique au profit des extrémistes de droite comme de gauche. La nouvelle configuration de ce parlement aura des conséquences inquiétantes sur le Maroc à trois niveaux : l’immigration, le Sahara marocain et les exportations agricoles.
Certains analystes appartenant aux institutions de l’Union européenne tentent de minimiser la portée des résultats des élections, en avançant que le Parti populaire européen et les socialistes européens disposent encore de la majorité. Mais la réalité est différente, dans la mesure où les partis anti- européens, qu’ils soient d’extrême droite ou de la gauche radicale, ont pu glaner plus de 25 % des voix, et feront tout pour s’imposer.
Le plus troublant est l’arrivée en force de la droite ultra nationaliste dans des grands pays comme la France, où le Front national dirigé par Marine Le Pen arrive en tête, et la Grande Bretagne où le parti anti européen UKIP a raflé aussi la première place. D’autres formations extrémistes de Belgique, des Pays-Bas, d’Allemagne et du Danemark feront leur entrée au parlement de Strasbourg. La gauche radicale a réussi également des percées, comme en Grèce où elle arrive en tête, en Italie avec la deuxième place et l’Espagne avec la troisième place. Tous ces partis sont sceptiques à l’égard de l’Union européenne, de l’Euro comme monnaie unique, et voudraient réduire les prérogatives des instances de l’Europe.
Les changements survenus au Parlement européen vont affecter directement le Maroc, puisque l’UE est le premier partenaire politique et économique de Rabat.
L’influence politique se reflète dans la présence renforcée au parlement de la gauche radicale, qui entretient des relations étroites avec le Polisario. La pression sur le Maroc risque de s’intensifier dans conflit du Sahara. Par le passé, cette gauche avait réussi même avec peu de députés à mettre en difficulté le Maroc sur des questions comme les droits de l’homme et l’appui à l’autodétermination. Le parlement entier avait parfois adopté ses positions.
Le second dossier est celui des exportations agricoles du Maroc. Aussi bien les mouvements politiques d’extrême-droite que ceux de la gauche radicale sont favorables à la préférence pour les agriculteurs européens et la réduction des importations en provenance d’autres pays. Or, le Maroc est l’un des premiers pays exportateurs de produits agricoles vers l’Union européenne. Déjà, il y a un mois, la Commission européenne a réduit les exportations du Maroc malgré l’existence d’accord précédent. Les exportations marocaines seront soumises à rude épreuve avec l’arrivée au Parlement européen des députés anti-importations agricoles.
Les élections au Parlement européen du 25 mai apportent un changement politique qui va toucher l’establishment européen. Maintenant que les clés de la politique européenne ont commencé à changer d’allure, est ce que la diplomatie marocaine saura s’y adapter ?