Pourquoi le gouvernement Benkirane évite la signature d´un accord avec de la Suisse pour traquer la fuite des capitaux

Le chef du gouvernement marocian Benkiran

Le gouvernement marocain a fait marche arrière dans le dossier des comptes bancaires suspects ouverts en Suisse et dans d’autres pays européens. La Suisse a exprimé au Maroc sa volonté de coopérer en répondant à toutes les demandes, sans exception, concernant des comptes suspectés d’abriter des capitaux qui ont fui le Maroc, mais le gouvernement marocain n’a pas eu le courage de s’aventurer sur le chemin de la transparence, une fois qu’il a saisi qu’il ne pouvait pas être sélectif.
En pratique, selon les informations obtenues par Alifpost de sources de haut niveau en Suisse, liées à une institution financière, l’Etat marocain a pris langue en septembre dernier avec la Suisse à propos de Marocains qui ont des comptes dans les banques de ce pays européen. Les négociations entre les deux parties se sont poursuivies jusqu’au mois de Janvier dernier, ce qui a permis au Chef de Gouvernement Benkirane de déclarer sur un ton menaçant, au sein du Parlement, qu’il disposait de la liste de ceux qui ont transféré illégalement de l’argent à l’étranger.
En fait, Benkirane pensait pouvoir atténuer, par des actions de lutte contre la corruption, le mécontentement provoqué par les mesures qui touchent le pouvoir d’achat des citoyens.
La Suisse a suggéré au Maroc plusieurs méthodes pour connaitre les détenteurs de comptes bancaires sur son sol : soit par une procédure en raison de l’existence de soupçon sur l’origine des fonds, soit à travers les services fiscaux en cas de soupçon d’évasion fiscale. Elle a toutefois exclu les marocains résidents dans les pays européens qui déclarent leurs revenus et paient leur impôts dans le pays de résidence.
La Suisse a même soumis au Maroc des modèles d’accords qu’elle a signés avec des pays comme l’Allemagne, l’Espagne et la France, concernant la fuite de capitaux et ​l’évasion fiscale. La Suisse a souligné cependant que dans le cas d’une convention globale, la sélectivité ne serait pas permise dans les demandes. Autrement dit, c’est la transparence totale, et la confidentialité n’est plus garantie.
Les sources d’Alifpost ont confirmé qu’un certain nombre de banques suisses ont informé leur clients marocains que si une telle convention est signée, elles seraient obligées de par la loi de fournir aux autorités marocaines les données demandées, en conséquence de quoi certains de ces clients ont procédé au transfert de leur argent à des banques dans la région des Caraïbes.
Au départ, le gouvernement Benkirane semblait vouloir suivre l’exemple de certains pays européens, à savoir utiliser les listes des fraudeurs pour les obliger à payer une amende variant entre 10 et 20 pour cent au Trésor du Maroc, mais il a fini par reculer pour quatre raisons : Primo, il ne dispose pas du feu vert de l’Etat profond, c’est à dire le Palais royal, pour signer un accord de ce genre. Deuxio, la liste des fraudeurs comprend une forte proportion de grands responsables publics, dans tous les secteurs. Tertio, la loi punit tout marocain résident au Maroc qui dispose d’un compte bancaire à l’étranger sans justification et sans autorisation préalable, ce qui signifie qu’il va falloir punir une bonne partie des hauts fonctionnaires de l’Etat. Quarto, la question de l’origine de ces fortunes se posera sans doute, et dans de nombreux cas, cette origine porte un nom qui fâche : le détournement de fonds.

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