Les relations franco-marocaines sont tendues. Depuis le mois de Février dernier les incidents se succèdent. Comment on en est arrivé à cette situation surréaliste alors qu’on parlait de relations exemplaires et qu’en avril 2013 le Maroc avait offert au président français François Hollande l’occasion de s’adresser au Parlement marocain ? Pourquoi les lobbies des deux pays n’ont pas réussi à surmonter la crise ?
Ce qui ressemblait au départ à un simple incident regrettable s’est transformé en une tension permanente. A chaque rebondissement, le Maroc réagit avec force, pensant qu’il y a une volonté délibérée de la France de nuire à ses intérêts.
Depuis l’élection du président François Hollande, qui a décidé d’effectuer son premier voyage officiel en Algérie au lieu du Maroc, Rabat a commencé à pressentir un changement de la diplomatie de la France à son égard. Déjà, l’ancien président socialiste François Mitterrand avait dû résister à des pressions pour visiter le Maroc avant l’Algérie.
Dans une tentative du Maroc de parvenir à un équilibre, le Maroc n’a pas hésité à donner à la visite du président Hollande au Maroc le maximum d’éclat. C’est dans ce cadre qu’a été programmé le discours du président devant les parlementaires marocains.
A l’issue de la visite le Maroc officiel a salué la France, cet “ami historique» et «allié stratégique». Un an plus tard, la France est redevenue un État colonial qui souhaite maintenir son contrôle sur le Maroc, et qui s’allie avec l’Algérie contre le Maroc.
En février dernier, une déclaration présumée de l’ambassadeur français à l’ONU, qui remonterait à trois ans, a fait surface et a envenimé les relations entre les deux pays. Ce diplomate aurait déclaré que le Maroc est comme une maîtresse que la France doit être défendre dans le dossier du Sahara, sans forcément l’aimer.
L’incident suivant a éclaté lorsque des citoyens français d’origine marocaine ont déposé plainte pour torture à Paris contre Abdellatif Hammouchi, chef des services secrets marocains. Le même mois, le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, a subi dans un aéroport parisien une fouille corporelle humiliante.
Le quatrième incident intervient lorsque l’ancien officier Mustapha Adib a déposé devant la chambre où est hospitalisé le général marocain Abdelaziz Bennani à l’hôpital du Val de Grâce à Paris, un bouquet de fleur de qualité médiocre accompagné d’une lettre au contenu virulent.
Dans ce climat de tension, la coopération judiciaire entre la France et le Maroc a été gelée, pendant que la France est devenue « l’ennemi » pour les médias officiels, à la place de l’Espagne.
Il y a eu des moments de convergence, comme lors de la visite en Avril dernier à Meknès de Stéphane le Foll, ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement français, à l’occasion du Salon de l’Agriculture. Sans résultat. De même, la présence du roi Mohammed VI en voyage privé en France n’a rien arrangé puisqu’il n’a rencontré ni le président ni le premier ministre français.
Des connaisseurs des relations entre Rabat et Paris parlaient de l’existence d’un lobby franco-marocain qui agit en soupape de sécurité contre les crises qui menacent les relations bilatérales entre les deux pays, mais ce lobby ne semble pas avoir réussi à dominer la crise actuelle qui ne fait que s’amplifier.
Paradoxalement, cette France que les médias officiels et la diplomatie de Rabat décrivaient jusqu’en février dernier comme l’allié stratégique, s’est soudain transformée en ennemi redoutable du Royaume !