Rétrospective 2013: la fin non déclarée du Mouvement du 20 Février
Alifpost-Analyse
L’année 2013 aura été celle de la fin tacite du Mouvement du 20 Février, qui a quasiment disparu de la scène politique et médiatique marocaine, à la suite des déceptions enregistrées par le printemps arabo-amazigh et la baisse de la ferveur des revendications qui aspirent aux réformes. Cependant, son esprit se perpétue à travers des canaux organisationnels différents, puisque son héritage politique continue de nourrir d’autres mouvements sociaux.
L’émergence du Mouvement du 20 Février 20 a constitué, au début de l’actuelle décennie, un point d’inflexion dans la vie politique marocaine, puisqu’elle a contribué à pousser la monarchie à proposer une nouvelle constitution pour le pays, alors que cette mesure était absente de l’agenda royal. Il est à noter que la monarchie a longtemps fait la promotion du concept de la « nouvelle ère » mais sans jamais évoquer une réforme de la constitution.
Le Mouvement du 20 Février a contribué à l’arrivée au pouvoir du Parti de la Justice et du Développement PJD, même si le parti de Benkirane n’a participé à aucune manifestation, mais il a admis que sans le 20 Février il ne serait pas aujourd’hui à la tête du gouvernement.
Le mouvement a profondément secoué le paysage politique, en posant avec audace des problématiques majeures, dont la nécessité de réformer la monarchie et l’indispensable séparation entre le pouvoir et les affaires. Le mouvement a visé sans détour l’entourage royal comme foyer de corruption et d’abus de pouvoir, en en citant les champions, à savoir Fouad Ali Himma et Mounir Majidi. Il a également revendiqué la moralisation de la vie politique et l’ouverture d’enquêtes sur la corruption et les violations diverses.
Si l’année 2012 a enregistré un recul de la présence du mouvement au sein de la scène politique, par rapport à l’année 2011, l’année 2013 peut être considérée comme celle de la disparition non déclarée du Mouvement du 20 février. Plusieurs indicateurs attestent de cette fin, comme le nombre et la taille des manifestations. En 2011, des centaines de milliers de personnes ont participé dans les manifestations dans près de quarante villes marocaines, qu’elles soient grandes, moyennes ou petites. En 2012, le volume a chuté à moins du quart, et au cours de l’année 2013, la masse des participants et le nombre de manifestants sont devenus symboliques et n’ont concerné que certaines villes comme Tanger, Rabat et Casablanca.
Dans le même temps, le Mouvement du 20 Février a occupé le devant de la scène des médias marocains et des réseaux sociaux, à tel point que des dizaines de milliers de jeunes mettaient l’emblème du mouvement comme image de leur profil Facebook. Cependant, l’année 2013 qui s’achève a enregistré une quasi absence du mouvement, même si de temps en temps, sa page Facebook publie de temps en temps des articles, communiqués ou informations relatives à des manifestations et protestations diverses.
De nombreux facteurs permettent d’expliquer le recul du Mouvement du 20 Février, dont en particulier l’absence d’un programme commun entre ses différentes composantes politiques et sociales, le reflux général du printemps arabo – amazigh et les manœuvres et manigances des autorités marocaines visant à affaiblir le mouvement et exacerber ses contradictions internes.