L’activiste Sahraouie Aminatu Haidar, favorable à la solution de l’autodétermination, a été invité le 24 mars à un séminaire au Congrès américain organisé par la « Defense Forum Foundation ». Elle en a profité pour demander à Washington et aux Nations Unies de charger les forces de la MINURSO de surveiller les droits de l’Homme au Sahara. Elle a réussi à intéresser les médias anglo-saxons à ce conflit.
L’agence de presse espagnole EFE a publié un compte rendu détaillé sur l’intervention de Mme Haidar à ce séminaire, auquel ont assisté des membres du Sénat et de la Chambre des représentants, en particulier certains membres de la commission des affaires étrangères. Elle a profité pour citer ce qu’il considère comme des violations des droits de l’homme au Sahara marocain. Elle a conclu en appelant à la protection des droits de l’Homme par les Nations unies, en rappelant la proposition de l’an dernier, qui a été retiré à la dernière heure en raison de la position de la France et l’Espagne.
C’est la deuxième fois qu’Aminatu Haidar est invitée au sein du Congrès des États-Unis, alors que la diplomatie marocaine brille par son absence sur la scène américaine, à l’exception de quelques initiatives de l’ancien ambassadeur américain à Rabat Edward Gabriel et qui a coûté au contribuable marocain 20 millions de dollars pour un résultat plutôt maigre : la diffusion de quelques vidéos sur Youtube, visionnées par une cinquantaine de personnes sur plusieurs mois, plus quelques déclarations à la presse officielle marocaine .
L’activisme de Mme Haidar aux USA a des répercussions négatives sur les intérêts du Maroc dans ce pays, principalement au niveau de la présence du conflit du Sahara dans les médias. En effet, pendant des décennies, le Polisario, malgré l’appui de l’Algérie, n’a pas réussi à convaincre les médias américains de parler de ce conflit. Le point d’inflexion c’est justement Aminatu Haidar. Ce nouvel intérêt n’a pas commencé lorsqu’elle a reçu le Prix Robert Kennedy en 2008, mais suite à l’erreur grave commise par le Maroc en 2009 lorsque les autorités de l’aéroport de Laayoune ont voulu l’expulser alors qu’elle venait d’arriver des îles Canaries.
En entamant une grève de la faim sur place pour protester contre cette décision, elle a réussi à provoquer une amplification médiatique sans précédent. C’est à partir de ce moment que le conflit du Sahara s’est invité dans les médias anglo-saxons et susciter l’intérêt des certains Parlements comme celui des États- Unis à travers la mise en place d’un comité de soutien du Polisario, puis celui des parlements Britannique et même Australien, qui ont commencé à parler du référendum et de l’autodétermination .
Les principaux moteurs de recherche mettent en évidence la présence progressive du sujet dans les grands médias américains comme le New York Times, le Washington Post et des magazines tels que The Nation. Souvent, le traitement médiatique est défavorable au Maroc et le personnage de Aminatu Haidar est présent beaucoup plus que le leader du Polisario Mohammed Abdelaziz.