Il y a trois mois, le ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar annonçait l´adoption d´une nouvelle stratégie de communication dans le dossier du Sahara marocain. Aujourd’hui, tous les indices indiquent qu’il n’y a pas de nouvelle stratégie. Le ministre n’a même pas daigné communiquer avec les médias marocains à propos d’un dossier que le Maroc considère comme sa première cause nationale.
Au début du mois d’octobre 2013, le roi Mohammed VI avait mis en garde, lors de son discours d’ouverture de la session parlementaire, contre les difficultés qui se dressent devant le dossier du Sahara en raison de la forte campagne menée par le Front Polisario et par l’Algérie.
Suite à cette alarme royale, tout le monde avait commencé à parler et á croire qu’une nouvelle approche stratégique de la diplomatie et de la communication seront adoptées par les pouvoirs publics, en particulier à la lumière des déclarations successives du chef de la diplomatie marocaine, qui a souvent martelé que dorénavant l’accent serait mis sur les réseaux sociaux, que le discours officiel serait retravaillé et que « la langue de bois » serait abandonnée.
Trois mois après, la diplomatie marocaine ne dispose toujours pas de nouvelle stratégie. Au niveau national, le ministre Salaheddine Mezouar n’a pas encore jugé utile de rencontrer les journalistes afin de leur exposer les axes de son plan de travail et fournir des explications nécessaires, contrairement à Taieb Fassi Fihri, qui organisait des rencontres avec les journalistes, même de manière « sélective ».
Le Ministère des affaires étrangères n’a pas réussi à concevoir un programme pour la diplomatie partisane, en coordination avec les partis politiques et les associations de la société civile. Bien au contraire, en tardant à délivrer les visas d’entrée au Maroc, une ambassade marocaine dans un pays du Moyen-Orient perturbe la participation d’importantes personnalités arabes à une activité consacrée au Sahara, et que va abriter la ville de Tétouan à la fin de cette semaine.
Quant à l’usage intelligent des réseaux sociaux, le ministre n’a même pas créé sa propre page sur Facebook pour y publier ses déclarations et ses précisions, contrairement à son prédécesseur Saad Eddine Otmani, qui disposait de sa propre page, à travers laquelle il s’adressait de temps en temps aux journalistes.
Dans le même temps, le site Internet du Ministère des affaires étrangères demeure très classique et très pauvre en contenu, même au niveau des archives. Le site se distingue par un discours dominé par la ” langue de bois”, que le nouveau ministre a justement critiquée avec force.
À propos de la stratégie envisagée, certaines sources diplomatiques affirment que des initiatives seraient en cours d’élaboration et seraient bientôt annoncées. Cependant, force est de constater que trois mois après le discours du roi où il reprochait aux parlementaires leur léthargie et demandait au gouvernement de s’activer afin que le dossier du Sahara soit bien défendu dans les forums mondiaux et les médias internationaux, la version marocaine demeure timide et peu audible, comparée à la version du Polisario, en particulier dans la presse américaine qui, dans le passé, ne s’intéressait pas à ce conflit.