L’attitude du Maroc vis-à-vis de la dernière visite à Rabat de Christopher Ross, l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies dans le conflit du Sahara, est pour le moins surprenante. Non seulement cette visite n’a pas été annoncée, mais il n’a été reçu par aucun responsable de haut niveau. Cette froideur confirme la volonté du Maroc de minimiser le rôle de l’envoyé personnel, dont les dernières propositions sont des sources d’inquiétude pour Rabat.
Christopher Ross a commencé sa tournée de la semaine passée du Maroc, puis s’est rendu en Algérie et en Mauritanie, lundi dernier. Hier mercredi, il devait se rendre dans les camps de Tindouf pour rencontrer les dirigeants du Polisario. Il s’agit de la deuxième tournée de Ross depuis le début de l’année en cours, et ce dernier cherche à disposer d’assez d’éléments nouveaux pour préparer son rapport qu’il va présenter le mois prochain au Conseil de Sécurité de l’ONU.
En Mauritanie, Ross a été reçu à un niveau élevé, ainsi qu’en Algérie, où il s’est entretenu avec le ministre des affaires étrangères Ramdam Laamamra. Par contre, au Maroc, il a été franchement marginalisé, aussi bien sur le plan médiatique que diplomatique.
D’abord, sa visité n’a été annoncée ni par les médias officiels ni par le site du ministère des Affaires étrangères a internet. Un seul journal, le quotidien arabophone Annass, a mentionné sa visite. Ensuite, aucun responsable de premier rang ne l’a rencontré, seul le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères l’a reçu. Le Chef de gouvernement Abdelilah Benkirane et la ministre déléguée aux Affaires Etrangères, Mbarka Bouaida, l’ont superbement ignoré.
Ce comportement de Rabat pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs. D’abord, pour exprimer la colère du Maroc suite à l’absence de Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, à la réunion du Comité Al-Qods tenue à Marrakech en Janvier dernier. Mais ce facteur demeure malgré tout secondaire.
Ensuite, et c’est le plus important, le Maroc appréhende avec inquiétude les propositions que Christopher Ross serait en train de fignoler et que le Maroc évite d’envisager. Alifpost avait déjà évoqué cette inquiétude dans une analyse publiée le 29 janvier dernier.
Il se confirme de plus en plus que Ross penche vers une formule de combinaison entre l’autonomie et l’autodétermination, dans une tentative de parvenir à une solution au conflit du Sahara.
En effet, on craint à Rabat que le prochain rapport de Ross qu’il soumettra au Conseil de Sécurité de L´ONU ne sera pas en faveur du Maroc, en particulier s’il attribue à Rabat la responsabilité de l’échec de sa tentative d’organiser des négociations directes. En d’autres mots, le manque de souplesse du Maroc et son refus de discuter autre chose que le plan d’autonomie, risque de ne pas conforter sa position à New York en avril prochain.