L’horizon de l’Algérie est inquiétant suite à l’érosion des trois piliers de la stabilité: FLN, l’armée et la manne pétrolière

le président algerien aver les officiers de l´armée

L’Algérie vit au rythme de troubles politiques, sociaux et économiques. Cette fois, les ennuis ne sont pas temporaires dans la mesure où une crise plutôt structurelle affecte les trois piliers du pays : l’institution militaire, l’institution partisane (Front de Libération Nationale) qui est imbriqué dans l’Etat, et enfin la manne pétrolière qui a contribué à acheter la paix sociale, en particulier pendant les dernières années.

Une bonne part des unes des journaux algériens et des débats sur les réseaux sociaux est consacrée aux vives critiques de la situation actuelle et aux multiples expressions de la peur de l’avenir.  La tension n’est plus limitée à un seul secteur, mais touche désormais tous les pans de la société. Alors que de nombreuses voix réclament des réformes, d’autres souhaitent le maintien du statu quo.

Historiquement, l’Algérie s’est construit une solidité interne et une présence internationale grâce à ces trois piliers. Depuis quelques années, l’édifice a commencé à trembler, mais cette année les secousses sont plus fortes avec l’approche des élections présidentielles.

L’armée est un pilier majeur dans la vie publique du pays. Elle est devenue vulnérable, de plus en plus critiquée et traversée par des divisions internes. Des politiciens civils l’accusent de détournement de fonds et d’ingérence dans la vie politique.  Ainsi, le leader Front de Libération Nationale,  Amar Saadani,  a formulé des critiques à l’égard du directeur des renseignements centraux, le général Tawfiq. Des généraux à la retraite, dont le  général Hussein Benhadid,  ont attaqué le chef d’état-major général Ahmed Caid Salah, l’accusant de ne pas être à la hauteur de sa fonction.  Les politiciens admettent que jamais, depuis l’indépendance, l’armée n’avait fait l’objet de tant de critiques.  Aujourd’hui, sa neutralité vis-à-vis des futures élections est sérieusement mise en doute.

Malgré le pluralisme politique en Algérie, le Front de Libération Nationale constitue à lui seul la véritable ossature politique de l’Etat, dans la mesure où la plupart des cadres de l’administration, dans les différents secteurs, lui sont affiliés. Depuis l’indépendance, l’Etat algérien et le FLN constituent une et même entité. Cette relation fusionnelle s’est quelque peu estompée ces dernières années en raison du relatif recul du FLN au sein de la société algérienne, même s’il conserve la majorité du parlement et une large mainmise sur les secteurs importants de l’Etat. Le FLN vit actuellement une crise à cause des doutes qui entourent son secrétaire général Amar Saadani, en plus d’un sérieux malentendu avec l’armée après les critiques de ce dernier à l’égard du chef des renseignements, le général Tawfiq. La baisse de crédibilité du FLN chez le public n’est pas compensée par l’émergence d’une autre force politique capable de combler le vide. Ainsi, le scénario le plus probable reste la balkanisation du champ politique.

Socialement, l’Algérie vit au diapason des grèves sectorielles, en particulier celle de l’éducation nationale et les protestations des chômeurs. Les autorités algériennes ont souvent utilisé les revenus de la manne pétrolière pour acheter la paix sociale, en distribuant  des dizaines de milliards de dollars à tel ou tel secteur. Cependant, le citoyen ordinaire ne reçoit pas toujours sa part, en raison de la corruption endémique qui ronge les différentes couches de responsabilité de l’appareil administratif. A ce propos, la baisse des recettes pétrolières en 2013 ainsi que depuis le début de l’année en cours,  en raison de la crise européenne, constitue un coup sévère à la politique de la paix sociale.

 Dans ce climat malsain, la perspective des élections présidentielles en Algérie ressemble à une farce, avec pas moins de 106 candidats déclarés, alors qu’une partie de la classe politique s’accroche à un quatrième mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika. Un tel scénario ne fera qu’accélérer l’arrivée du Printemps arabe dans ce pays du Maghreb.

 L’inquiétude est exprimée ainsi par l’un des pionniers de la lutte pour l’indépendance, Lakhdar Bouragaa : « le pays vit au rythme d’un printemps accéléré… ce qui se passe depuis près d’un an et ce qui se passe ces jours-ci menace d’embourber  le pays dans une crise politique, sécuritaire, pour ne pas dire morale ».

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