Le récent rapport de Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies sur le Sahara, dans lequel il a évoqué la nécessité d’aborder le contrôle du respect des droits de l’Homme, a mis la France dans une situation embarrassante. Il a aussi poussé l’Union Européenne à s’approcher de la position britannique. Les données disponibles indiquent que Paris adoptera une attitude de modération pour éviter de s’exposer à des critiques sévères de la part des autres pays.
Le rapport de Ban Ki- moon, publié il y a quelques jours, a déçu le Maroc puisqu’il recommande le contrôle des droits de l’Homme et le contrôle des ressources naturelles du Sahara. La déception et la colère de Rabat sont d’autant plus fortes que les médias officiels n’a pas arrêté de claironner la victoire de la diplomatie du Maroc au niveau international et l’échec des efforts du Front Polisario soutenu par l’Algérie.
Étant donné les ramifications internationales du dossier depuis la guerre froide, le rapport du Secrétaire général Ban Ki-moon place la France dans une position délicate au sein de l’Union Européenne, représenté au Conseil de Sécurité par la France et la Grande-Bretagne.
La Commission européenne et le Parlement européen recommandent la nécessité de faire surveiller les droits de l’homme et soutiennent l’autodétermination comme solution convenue entre les parties du conflit. Historiquement l’UE n’a jamais réussi à parler d’une seule voix dans ce dossier, en raison de la position de la France, qui menaçait de recourir à un droit de veto contre toute initiative qui va changer le statuquo. Dans la pratique elle a toujours défendu toujours le Maroc.
Il y a eu par le passé des divergences entre la France et la Grande-Bretagne sur ce dossier, en particulier à propos des droits de l’Homme, mais cette fois la Grande-Bretagne est dans une meilleure position puisque la proposition des surveiller des droits de l’Homme émane d’une entité neutre à savoir le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, et non pas d’un autre État membre du Conseil de Sécurité.
Paris avait alerté le Maroc, lors de la visite du président socialiste François Hollande, qu’elle ne pourra pas continuer à s’opposer à la surveillance des droits de l’Homme. Par contre la France a promis d’user si nécessaire de son droit de veto pour empêcher qu’on impose au Maroc une solution qui menace sa stabilité.
En avril 2013, quand l’ancien ambassadrice US Susan Rice avait soumis une proposition visant à surveiller les droits de l’homme, avant de l’abandonner in extremis, le Maroc avait accusé les Etats- Unis de penser à ses intérêts stratégiques dans le Maghreb, et donc de pencher vers l’Algérie.
Des sources au sein de l’Union européenne ont confirmé au journal Al Quds Al Arabi que l’UE a élaboré sa position depuis un moment sur le conflit du Sahara, à savoir le soutien des efforts de l’ONU, y compris dans le volet droits de l’Homme, sans pour autant obliger la France et la Grande-Bretagne à prendre une position unique.
Par ailleurs, le quotidien marocain Akhbar Al Youm a révélé que la Grande Bretagne voudrait réduire la durée du mandat de la MINURSO à six mois au lieu d’une année, et ce pour exercer plus de pression sur le Maroc.