L’actualité politique, économique et culturelle est à l’avant-garde de la vie publique de nombreux pays et peuples et reflète la dynamique du gouvernement, des partis politiques et de la société en général. Mais le Maroc se distingue par une mauvaise caractéristique, l’actualité nationale est dominée par les communiqués du parquet, de la police et l’administration pénitentiaire.
Ainsi, dans les pays qui vivent une situation normale, les déclarations du chef de l’état, des ministres, des acteurs économiques et des intellectuels sont au centre et la vie publique dans le pays, et les enjeux sont la croissance économique, la mise en œuvre par le gouvernement de son programme proposé avant les élections, les relations étrangères et l’activité culturelle du pays.
Les institutions de l’État jouent un rôle clé dans la stimulation de la vie publique, les ministres donnant des interviews et des déclarations presque tous les jours pour rendre compte aux citoyens des conditions économiques, politiques et culturelles.
Mais cette caractéristique n’existe pas au Maroc où les différents ministères se recroquevillent sur eux-mêmes et font à peine des déclarations rares, et le roi du pays prend la parole pour prononcer ses discours sans jamais se prêter au jeu des questions réponses des médias. Et au milieu de ce triste paysage, les communiqués des organes sécuritaires et judiciaires prennent une proportion exagérée et leur style n’a rien à voir avec la communication institutionnelle mais semblent rédigés uniquement pour distraire les citoyens.
À cet égard, le Maroc vit quotidiennement au diapason des communiqués de la police, du parquet général et de l’administration pénitentiaire, et qui concernent des sujets futiles ou sans aucun intérêt, surtout depuis que cette dernière administration est entrée en confrontation avec la société en multipliant les abus et les violations à l’égard des détenus qui luttent contre la corruption et les corrompus. C’est d’autant plus curieux et lamentable que le nouveau directeur de cette institution est un ancien prisonnier politique qui a gouté aux violations des années de plomb de l’ère du roi Hassan II et le voilà qui s’ingénie à faire souffrir les journalistes emprisonnés comme Hamid Elmahdaouy et Toufik Bouachrine, ainsi que les détenus politiques comme ceux des protestations du Rif, qui ont osé dénoncer ceux qui pillent les richesses du pays. Le parquet général et la police nationale se sont également rangés du côté de cette administration et adoptent des attitudes similaires en multipliant les déclarations et communiqués aussi maladroits que futiles.
Cela se produit à un moment où la corruption est devenue un signe distinctif de l’état Marocain, qu’il s’agisse de détournement de fonds, de blanchiment d’argent du commerce des stupéfiants ou de l”accaparement des biens du peuple marocain par des individus influents et nous ne voyons aucune investigation sécuritaire ou judiciaire à cet égard.
Un pays conditionné par les communiqués de la justice, de la police et de l’administration pénitentiaire n’a tout simplement aucun avenir. La communication doit se concentrer sur les questions vitales de la nation, sur les grandes décisions politiques et économiques. Et s’il y a des communiqués judiciaires et policiers, ils doivent concerner ceux qui ont usurpé les patrimoines des Marocains et qui ont fait du Maroc un pays baigné dans l’humiliation.