Certaines rumeurs récentes indiquent que le roi Mohammed VI a temporairement éloigné du Palais son conseiller favori Fouad Ali Himma. Ce dernier, que certains qualifient d’«homme fort», a été absent des récentes activités royales, y compris celles qui sont au cœur de sa vocation, telles que celles relatives au puissant ministère de l’Intérieur.
Selon les informations obtenues par Alifpost, cette colère royale à l’encontre de Fouad Ali Himma, si elle se confirme, serait la deuxième en six mois, après celle qui a suivi l’affaire de la grâce royale accordée au pédophile espagnol Daniel Galvan. A l’époque, la rivalité entre le Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane et le conseiller Himma a poussé ce dernier, habitué aux manigances, à des agissements catastrophiques dans la gestion de ce dossier, ce qui a mis l’institution royale dans la posture la plus embarrassante au cours des 15 dernières années.
La rumeur de cette colère circule ces derniers jours au sein de la classe politique, dont le gouvernement et les proches du Palais, qui ont tous remarqué l’absence d’Ali Himma lors des dernières activités royales officielles.
En passant en revue les dépêches de la MAP, la dernière activité royale à laquelle a participé Ali Himma est la réunion du Comité Al Quds à Marrakech. Depuis, il a brillé par son absence, même lors des activités qui concernent le ministère de l’intérieur, son champ de prédilection privilégié.
À cet égard, il n’a pas assisté à la nomination par le roi des nouveaux walis et gouverneurs le 21 janvier dernier. Il n’était pas présent non plus lorsque le roi a reçu le 31 janvier le leader du Mouvement national pour la libération de l’Azawad, Bilal Ag Sharif.
Selon des données obtenues, la colère du roi aurait pour origine l’incapacité de son entourage en général, et de Himma en particulier, à mettre en valeur l’importance de la réunion du Comité Al Quds à Marrakech en Janvier dernier. L’opportunité n’a pas été saisie pour redorer le blason du Maroc au niveau médiatique. L’un des vieux routiers de la presse marocaine, le célèbre journaliste Mustafa Alaoui, directeur de « Ousbou Siassi » a consacré un article détaillé aux raisons de l’échec relatif de cette dernière session du Comité Al Quds, en comparaison aux autres conférences que le Maroc a abritées par le passé.
Les sources confirment qu’une partie de la responsabilité de l’échec revient à Fouad Ali Himma, qui a confié à l’un de ses amis la mission de concevoir et mettre en œuvre la communication de l’institution royale.
Dans le même temps, le roi aurait peu apprécié que Himma, qui s’est estimé victime de diffamation, réclame une indemnisation élevée à l’homme politique Abdallah Kadiri, ce qui a conduit la justice à condamner ce dernier à verser au Conseiller du roi la somme de 4 millions de dirhams. Cette attitude suscite la moquerie et le mépris des diplomates occidentaux à Rabat. Ils estiment qu’il n’est pas très élégant de la part d’un membre de l’entourage royal, de réclamer plus qu’un dirham symbolique.
Un autre dossier, celui du Sahara, a également compliqué les relations entre le roi et son ami Himma, qui est en charge de l’affaire aussi bien sur le plan national qu’international. Le roi aurait fini par s’apercevoir de la différence entre la réalité et les rapports qui lui sont soumis à ce sujet, ce qui l’a conduit au célèbre discours de la panique lors de l’ouverture du Parlement en octobre dernier, dans lequel il a avoué la gravité de la situation, alors qu’un mois auparavant, son attitude était plus sereine.
Une autre maladresse de Himma n’a pas été du gout du roi. En effet, le conseiller a jugé utile d’assister lui-même au séminaire organisé par Noureddine Ayouch sur le thème de l’enseignement au Maroc, durant lequel ce dernier a appelé à l’introduction du dialecte à l’école publique. La société civile a déduit que le Palais est derrière cette malheureuse initiative. La situation s’est encore compliquée quand Ayouch, dans un débat télévisé, a révélé sa médiocrité intellectuelle face au penseur Abdellah Laroui, et a encore mis le Palais dans une position délicate en répétant maladroitement et sur un ton satisfait : « je suis un ami du roi ».
Un professionnel des médias commente ainsi cette hypothétique colère royale : « Qui sait, nous avons été surpris, en découvrant pour la première fois sur les réseaux sociaux, la photo du roi conduisant un véhicule 4×4 avec à son côté Mounir Majidi. Auparavant, cette place était toujours occupée par Himma ».
Sur un autre registre, plusieurs voix du champ politique accusent « des individus influents » au sein de l’Etat de s’immiscer dans la vie des partis politiques, en particulier pour faire imposer tel ou tel secrétaire général, en particulier à la tête de partis historiques comme l’Istiqlal, l’USFP ou le PPS. Que ces insinuations soient fondées ou non, elles nuisent à l’image de l’institution royale, car elles visent l’entourage royal proche, c’est-à-dire en premier lieu Fouad Ali Himma.
Les sources d’Alifpost affirment que la colère du roi signifie « un avertissement donné à un collaborateur quand il accuse un retard ou échoue dans une mission. Dans ce contexte, Himma a déjà subi des colères similaires, et même s’il est aujourd’hui mis temporairement dans le placard, il sera par la suite réhabilité. Cet homme est devenu incontournable dans la structure du Pouvoir. Il est donc très difficile pour le roi de se débarrasser de lui de manière définitive. »
Question à méditer : Est-ce que « la colère » fait partie des outils de gouvernance dans les systèmes démocratiques ?