Le quotidien marocain Assabah du vendredi matin a évoqué le traitement « humiliant » subi par le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, à l’aéroport de Charles de Gaulle à Paris, et qui rappelle le traitement très hospitalier et combien respectueux réservé aux responsables français, anciens et actuels, lors de leurs séjours au Maroc. Cette hospitalité prend des tournures spéciales lorsque la justice marocaine ferme les yeux sur leurs crimes sexuels dont les victimes sont des mineurs Marocains.
Le journal raconte que le ministre revenait d’une mission diplomatique dans la ville de La Haye aux Pays-Bas. Lorsqu’il a fait escale à Paris, il n’était pas en mission diplomatique dans ce pays et par conséquent, il a été soumis lors de son départ aux mêmes mesures de sécurité que les autres passagers.
Toutes les explications sont possibles pour comprendre l’attitude de la police française à l’égard d’un ministre d’un pays ami comme le Maroc. On peut dire que c’est un non-évènement dans la mesure où le ministre n’était pas en mission diplomatique à Paris, et par conséquent il fallait respecter les procédures de sécurité habituelles, comme pour les autres citoyens. Certains diront qu’il s’agit d’un petit complot français suite à la détérioration des relations entre Paris et Rabat dans le sillage de l’affaire Hammouchi, directeur des renseignements marocains, que la justice française a voulu interroger dans une affaire de torture présumée.
Cependant, c’est l’occasion de s’interroger sur les multiples faveurs accordées par le Pouvoir Marocain aux responsables français en visite au Maroc, qui va de la mise à disposition de jets privés aux invitations tous frais payés dans des hôtels de luxe dans la cadre de la “diplomatie de la Mamounia”. Cette générosité peut choquer l’opinion publique lorsqu’elle devient juridiquement inadmissible et moralement inacceptable. Pourtant, c’est ce qui est arrivé quand la police marocaine est tombée sur un ancien ministre français qui abusait sexuellement d’enfants marocains mineurs dans la ville Marrakech. Au lieu de le déférer devant la justice, elle a couvert le crime.
Le Maroc officiel a préféré le silence, mais des journalistes et des hommes politiques français ont révélé le scandale et dévoilé le nom du ministre qui fréquentait Marrakech. Par la suite, des associations des droits de l’Homme et des acteurs de la société civile ont exigé de la justice marocaine l’ouverture d’une enquête après ces déclarations publiées par les médias français. En vain.
Dans ce cas, c’est le silence du Maroc officiel qui a été un vrai complot contre la dignité et l’honneur du Maroc et des Marocains.