Amnesty International a révélé que l’entreprise israélienne Pegasus avait espionné des militants marocains, en particulier l’historien Maati Monjib et l’avocat Abdessadaq Bouchtawi. L’hypothèse la plus probable est que cette opération est réalisée au profit du régime marocain. Cette révélation nécessite des éclaircissements de la part de l’Etat marocain.
Amnesty International a mené une enquête approfondie sur la façon d’espionner Maître Bouchtaoui et le professeur Maati Monjib, et a joint des données techniques très convaincantes. Le premier est l’un des avocats qui s’est distingué dans la défense des activistes du Rif et a été poursuivi et ensuite il a demandé l’asile politique en France, tandis que Monjib est connu pour ses activités académiques et dans le domaine des droits de l’Homme et et le droit à la liberté d’expression et d’opinion. L’opération a pu concerner d’autres militants à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc.
La nouvelle est une vraie surprise, non pas l’espionnage en soi, car c’est une pratique usuelle des divers organes de renseignements marocains, qu’ils soient civils ou militaires et même traditionnels comme le Muqaddam, le Caid d’arrondissement, et les services des affaires générales qui passent leur temps à espionner les citoyens, sous divers prétextes, certains sont légitimes et d’autres illégaux, mais la surprise est l’hypothèse de l’utilisation du programme Pegasus. Ce programme vient d’Israël et traîne une très mauvaise image en raison de son association avec les opérations d’espionnage qui ont conduit à l’assassinat, comme ce fut le cas au Mexique et aussi le cas du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Dans la pratique, les pays non démocratiques ont recours à ces programmes pour espionner les militants et les citoyens car il est devenu impossible d’espionner les téléphones qui utilisent des applications de communication numérique tels que Signal et Whatsapp.
C’est la deuxième fois que le problème de l’espionnage numérique lié à Internet se pose, la première fois s’est produite au cours des trois dernières années quand le pirate Chris Coleman a commencé à révéler des données importantes sur la sécurité nationale marocaine en publiant des documents internes classés très confidentiels.
Face à ces évolutions, les autorités de l’Etat marocain sont tenues de clarifier à l’opinion publique, si elles sont vraiment responsables, comme le reste des Etats responsables, les informations suivantes
En premier lieu, l’Etat marocain doit avoir le courage de révéler l’enquête sur l’affaire du pirate Chris Coleman, qui a pu accéder au cœur de la sécurité nationale, et révéler quelles sont les raisons derrière son intrusion et qui le manipule, est-ce l’Algérie ou la France, qui aurait ainsi agi en réaction à la publication par certains médias marocains du nom de la responsable Française du renseignement qui avait été officiellement approuvée au Maroc.
Deuxièmement, l’Etat marocain a-t-il déjà acheté les services du programme Pegasus, qui coûte des millions de dollars pour espionner les militants marocains, d’autant plus qu’ils ne représentent aucune menace pour la sécurité nationale du pays et pour l’intérêt suprême de la nation et du peuple, mais plutôt pour les corrompus et les pilleurs de l’argent public qu’ils dénoncent.
Comme d’habitude, il est difficile d’attendre des éclaircissements officiels en raison du manque de responsabilité et du principe de l’absence de reddition des comptes