Destitution de Pedro J directeur du journal El Mundo, le plus influent en Espagne et qui a conditionné l’image du Maroc aux yeux des Espagnols

Le directeur du journal El Mundo, Pedro. J, Ramirez

Malgré les problèmes politiques et économiques, toute l’Espagne parle de la destitution du directeur du journal “El Mundo”, le célèbre Pedro Ramirez, connu sous le nom ” Pedro Jota ” qui a marqué de son empreinte l’histoire de la presse espagnole pendant les dernières décennies , vue sa capacité à influencer l’opinion publique et à soulever les controverses.  En même temps, on ne peut pas comprendre l’image du Maroc chez l’opinion publique espagnole au cours des deux dernières décennies sans prendre en compte le rôle important joué par ce journal dont la ligne  éditoriale a été définie par ce directeur.

 La presse espagnole a évoqué  mercredi soir la nouvelle de son départ, qu’il a confirmé lui-même par la suite, ayant été révoqué de son poste par l’entreprise éditrice du journal, une société italienne. Les raisons semblent être à la fois d’ordre politique et financier. C’est ainsi que certains journaux numériques ont cité  notamment une pression politique exercée par le gouvernement sur ​​les actionnaires de la société, en raison des scandales financiers et politiques publiés par El Mundo, et qui ont fait perdre au gouvernement beaucoup de sa popularité, en particulier le scandale du financement secret du Parti Populaire au pouvoir.

 Par ailleurs, les pertes financières du journal, estimées à des centaines de millions d’euros au cours des dernières années, peuvent aussi avoir précipité le départ de ce directeur qui a occupé le poste durant 25 ans, depuis la création d’El Mundo en 1989. A la différence d’El Pais, ABC, La Razon ou La Vanguardia, associées à des institutions et au profil politique marqué, El Mundo se distingue par la forte prépondérance de la personnalité de son directeur, qui en définit la ligne éditoriale. Ce quotidien illustre bien le modèle de la presse d’auteur.

 El Mundo a fait éclater les plus grands scandales de l’histoire de l’Espagne au cours des dernières décennies, en particulier le scandale ” Gal “, un groupe de policiers qui assassinait des membres de l’ETA en dehors de la loi, et qui a causé la détérioration de la popularité du chef du gouvernement de l´époque, le socialiste Felipe González.  Actuellement, El Mundo  se dresse contre la politique du Parti Populaire au pouvoir, dont il a révélé le scandale de financement occulte « L´affaire Bárcenas »

 Il est aussi à l’origine des scandales du Palais Royal, ce qui a conduit la princesse Christina devant la justice.

 Au cours des vingt dernières années,  Pedro Ramirez se trouvait toujours parmi les dix personnes les plus influentes en Espagne, jamais un autre journaliste n’a eu autant d’influence sur la vie politique.

El Mundo  et le Maroc

 La ligne éditoriale de Pedro Ramirez a contribué fortement à construir l’image du Maroc auprès de  l’opinion publique espagnole. A ce propos, une thèse de doctorat soutenue à l’École des sciences de l’information de Malaga sous le titre « La construction de l’image du Maroc à travers les éditoriaux d’El Pais et El Mundo 1999-2009 », avait souligné le rôle important joué par El Mundo dans l’élaboration d’une image négative du Maroc en Espagne, et en particulier les éditoriaux signés par Pedro Ramirez et qui traitent de l’immigration, du terrorisme associé à l’islamisme, de Ceuta et Melilla ou de l’incident de l’ilot Toura.

 El Mundo avait défendu pendant des années l’hypothèse de l’implication des services de renseignement marocains dans les attentats terroristes du 11 Mars 2004 à Madrid, à tel point que   36 % des Espagnols en sont convaincus, selon des sondages.

 L’Etat marocain a essayé d’ouvrir un dialogue avec le directeur du journal El Mundo au cours des premières années du règne du roi Mohammed VI, mais le conseiller royal André Azoulay, qui avait rencontré Pedro Ramirez, n’avait pas réussi à le convaincre.

 Le poste de directeur sera désormais occupé par Casimiro Abadia, dont la vision du Maroc est tout aussi négative que son prédécesseur, puisqu’il avait consacré un livre à l’implication des services de renseignement marocains dans les attentats du 11 Mars.

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