Le même jour : Madrid veut protéger la santé publique constitutionnellement et le Maroc prépare une nouvelle loi pour museler le peuple

Le penseur et journaliste marocain Mohamed El-Arbi Messari avait  déclaré des années avant sa mort  l’Espagne avait entamé sa transition démocratique en 1975, et la même année, le Maroc avait  annoncé  ce qu’on appelle le “Processus  Démocratique”. L’Espagne est arrivée à bon port en devenant un pays réellement démocratique et le Maroc fait encore du surplace, comme si les horloges politiques des deux pays  sont très décalées l’une par rapport à l’autre. Ces jours-ci, nous vivons des exemples de la perte de la boussole chez l’équipe dirigeante du Maroc.

Pendant que le monde entier au rythme de l’épidémie mondiale de Coronavirus , et que de nombreux  pays souhaitent se reconstruire  à travers le dialogue entre majorité et opposition et l’examen des propositions concrètes  loin des accusations de trahison auquel ont recours uniquement les régimes corrompus des pays non démocratiques ou qui ont une démocratie de façade,  les pays connaissent différents niveaux de débat politique sur la manière la plus efficace de surmonter les répercussions négatives de l’épidémie, qui ne sont pas faciles. Certains secteurs sont sérieusement menacés, comme le tourisme, et il leur faudra beaucoup de temps pour se rétablir.

Lors de ces périodes critiques, la mentalité de la classe dirigeante et sa prise de conscience émergent au grand jour, et cette  mentalité est décisive car soit elle contribue soit à la transcendance des nations vers le progrès  soit elle le pousse au recul.

Mardi 28 avril, est l’un des jours qui témoignent de la culture des dirigeants des deux côtés du détroit de Gibraltar. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez a annoncé la modification de la Constitution en vue de protéger le secteur de la santé publique des futures manipulations, dont le spectre de la privatisation, qui avait été envisagée  par le Parti populaire conservateur dans le passé. Avec cette modification, la santé publique restera hors du champs d’application de toute politique néolibérale. Cela se produit en Espagne, bien que ce pays possède l’un des cinq meilleurs systèmes de santé au monde. L’amendement de la constitution s’ajoute à une récente décision visant à employer plus de 50 000 médecins et infirmières pour renforcer le secteur de la santé publique.

Le même jour, au Maroc, un document a été révélé à la presse, relatif à la volonté des autorités marocaines de contrôler les médias sociaux en vue de les domestiquer, par le biais des dispositions d’une loi visant à faire taire les militants politiques et la société civile et à les lier quelles que soient les violations dénoncées, et qu’elles soient commises par responsables de l’appareil de l’État ou par des lobbies corrompus  tels que ceux de la  «coalition Panama» qui détournent l’argent vers l’étranger. En échange de de la politique du motus et bouche cousue, les lobbies œuvrent pour soutenir la presse de caniveau spécialisée dans la diffamation et l’attaque gratuite des militants,  ce qui reflète le niveau de déchéance morale de ceux qui la soutiennent. L’État marocain a ainsi profité des circonstances difficiles que le pays traverse en raison de l’épidémie mondiale, et au lieu de penser à réformer le secteur de la santé après avoir  commis  le crime de le  négliger, l’État envisage de museler encore plus les forces vives de la société marocaine.

Ce contraste saisissant montre la différence de niveau de conscience historique et patriotique et la différence du  sens des responsabilités chez les classes dirigeantes de part et d’autre du détroit de Gibraltar,  entre le devoir de servir le pays et les réflexes de l’autoritarisme.

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