La région du Sahel vit à l’heure des nouvelles stratégies pour combattre le terrorisme et le crime organisé, avec la participation de plusieurs pays, dont la France, qui prévoit d’établir des bases militaires. Le Maroc, qui se veut un acteur de stabilité de la région, est délibérément marginalisé de ce processus.
Depuis le début de la semaine dernière, les réunions se multiplient dans la région du Sahel et au Maghreb. Pour construire des stratégies de sécurité. A Nouakchott, une conférence a réuni les ministres de l’Intérieur de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, en plus de représentants de la France, de l’Espagne et de l’Union européenne. Le Sénégal a également été invité après avoir protesté contre son exclusion. La réunion s’est terminée par la mise en place de structures de sécurité pour l’échange d’informations et d’expériences en matière de lutte contre le terrorisme, le crime organisé et l’immigration illégale.
La Mauritanie a délibérément marginalisé le Maroc et l’Algérie et en essayant de faire en sorte que le terrorisme dans les pays du Sahel soit de la compétence des pays du Sahel en plus de l’ancienne puissance coloniale, la France. Même l’Espagne a été invitée mais le Maroc a été le grand absent, au moment où les relations entre ce dernier et la Mauritanie sont toujours tendues. Depuis deux ans environ, le poste d’ambassadeur mauritanien à Rabat est vacant.
Dans le même temps, Paris et Alger mènent des négociations sur la coordination de la sécurité dans la région du Sahel, sans associer le Maroc. En effet, le ministre français de la Défense, Jean Yves Le Drian, était la semaine dernière en visite à Alger, où il a considéré que l’Algérie a un rôle essentiel dans toute stratégie de sécurité.
Cette semaine, l’Algérie abrite une conférence des experts de la sécurité dans plusieurs pays africains et européens. La liste complète des participants n’est pas encore publique, mais la marginalisation du Maroc est fort probable puisque la coordination a lieu entre l’Union africaine et les pays européens.
La France mène sa propre stratégie en concertation avec les pays du Sahel. C’est le ministre de la Défense Jean Yves Le Ddrian qui en assure la mise en place en visitant la Mauritanie, le Mali et l’Algérie. Il y a deux semaines, il a confirmé la volonté de la France de renforcer sa présence militaire dans la région du Sahel pour répondre aux défis du terrorisme. Le ministre français n’a pas visité Maroc en raison de la crise actuelle entre les deux pays. La France entend installer deux bases militaires, la première en Mauritanie, à dominante technique, et le seconde dans le nord du Mali, pour les écoutes et le renseignement.
Ainsi, la Mauritanie, l’Algérie et la France s’activent à concevoir puis mettre en œuvre des stratégies sécuritaires, tout en excluant le Maroc. L’Algérie a l’habitude de l’exclure, la Mauritanie lui emboite le pas, et la France trouve commode de suivre leur exemple. En plus, la crise diplomatique franco-marocaine qui dure depuis février dernier, déclenchée par l’affaire du directeur des services secrets Abdellatif Hammouchi, n’arrange pas les choses.
Le Maroc a souvent voulu jouer l’interlocuteur naturel et indispensable de l’Occident, en particulier l’Europe, dans les dossiers sécuritaires dans la région du Sahel. iI a misé sur cette stratégie en apportant un fort appui à la France quand elle a déclenché l’opération militaire Serval au Mali l’année dernière. Aujourd’hui, il se retrouve exclu par les partenaires d’hier.