Paris veut “dépasser” ses tensions avec le Maroc

Le Roi Mohammed VI et le président français François Hollande

Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, en visite au Maroc, a réaffirmé aujourd’hui la “volonté” de la France de “dépasser” les tensions avec Rabat, alors que la coopération judiciaire entre les deux pays est suspendue depuis bientôt deux mois.

“La volonté du gouvernement, et ma présence en est une expression, c’est de dépasser ce qui a été considéré par la France de manière très claire comme un incident regrettable”, a déclaré à l’AFP M. Le Foll, qui assistait en tant que ministre de l’Agriculture à un Salon international à Meknès (centre).

D’ordinaire bien huilée, la relation entre la France et le Maroc, deux proches alliés, a connu une brusque détérioration en février à la suite du dépôt de plaintes à Paris visant le patron du contre-espionnage marocain, Abdelattif Hammouchi, pour “torture” et “complicité de torture”. Rabat s’est notamment montré furieux de la venue, le 20 février, de policiers à la résidence de l’ambassadeur du Maroc pour notifier à M. Hammouchi –dont la présence à Paris avait été rapportée– une convocation d’un juge d’instruction.

Malgré un échange téléphonique entre François Hollande et le roi Mohammed VI, le Maroc a dans la foulée suspendu tous ses accords de coopération judiciaire avec la France. Si les visites de responsables français dans le royaume ont repris, cette mesure n’a toujours pas été levée. “Cela doit maintenant être dépassé, par la discussion (…), par cette amitié qui existe au-delà de cet incident, afin de retrouver toute la coopération qui doit être la nôtre”, a fait valoir le ministre français.

Les échanges franco-marocains étant très denses, l’absence de coopération judiciaire “peut poser, bien sûr, des problèmes concrets” aux ressortissants des deux pays, a admis Stéphane Le Foll. “Cela doit se régler dans le cadre d’une volonté politique exprimée aujourd’hui de manière très claire”, a-t-il répété.

Arrivé la veille, M. Le Foll a notamment signé jeudi une série d’accords bilatéraux avec son homologue marocain, Aziz Akhennouch, sur l’enseignement ou encore l’agriculture familiale.
Interrogé sur les tensions autour des modalités d’accès des fruits et légumes marocains au marché européen, il a précisé qu’une réunion était programmée vendredi.

Rabat est vent debout contre une décision de Bruxelles de modifier les conditions d’accès de certains produits extra-communautaires. Il affirme que cela va entraîner un renchérissement de ses fruits et légumes sur le Vieux continent et une chute drastique des exportations. “Je pense qu’on arrivera à un accord. Il faut que l’UE respecte ses engagements”, a clamé mercredi M. Akhennouch, déplorant une décision “unilatérale”.
L’ambassadeur de l’UE à Rabat a été convoqué par les autorités et des sit-in de protestation ont eu lieu.

Bruxelles justifie la mesure par un souci de transparence et signale qu’elle s’appliquera “uniformément” à compter d’octobre “à tous les fruits et légumes importés dans l’UE, de tous les pays du monde”. Un responsable de la Commission, Jerzy Plewa, se trouve à Meknès dans le cadre du Siam et “il y aura une rencontre demain (vendredi) entre le Maroc et l’UE où nous serons présents”, a dit M. Le Foll, qui a précisé avoir évoqué la question avec son homologue espagnol, également sur place.

Le Maroc bénéficie depuis 2008 d’un statut avancé auprès de l’UE, qui est de loin son premier partenaire commercial.

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