Un précédent historique… un affrontement militaire entre drones turcs et iraniens dans une guerre en Europe

Le Drone Iranien Shahed 136

Tout au long des plus de trois siècles de guerre moderne en Europe, la plupart des armes utilisées étaient occidentales ou fabriquées par de grands pays comme le Japon, la Russie et la Chine. Toutefois, ce sera la première fois que, parmi les armes utilisées dans une guerre du 21e siècle, la guerre “russo-ukrainienne” au cœur de l’Europe, il y aura une confrontation militaire entre des drones turcs et iraniens.

Dans la pratique, les armes soviéto-russes, occidentales, chinoises et japonaises ont été utilisées principalement dans les différentes guerres que le monde a connues depuis plus d’un siècle, de la Première et la Seconde Guerre mondiale aux conflits régionaux tels que le Kosovo et l’Irak. L’Union soviétique, puis la Russie, et les pays occidentaux, menés par les États-Unis, contrôlent le marché des armes : avions de chasse, chars, systèmes de défense aérienne et bombes, entre autres arsenaux d’armes. Mais ces dernières années, la carte géopolitique des ventes d’armes a commencé à changer avec l’arrivée de nouveaux acteurs tels que la Turquie, l’Iran, la Corée du Sud et le Brésil.

La guerre russo-ukrainienne réserve de nombreuses surprises, militaires, économiques et politiques, notamment le rôle prépondérant que jouent actuellement dans cette guerre les drones, fabriqués par la Turquie et l’Iran. Les guerres sont souvent l’occasion idéale de tester l’efficacité des armes, et elles constituent le véritable test, car les exercices militaires ne donnent qu’une image relative des armes testées.

Ainsi, la guerre russo-ukrainienne est devenue une confrontation ouverte entre les drones utilisés par le camp ukrainien et les drones iraniens utilisés par la Russie. Avant que l’Ukraine n’obtienne des États-Unis des missiles à moyenne portée Himars et Javelin, qui ont infligé des pertes à l’armée russe, les drones turcs Bayraktar TP2 étaient l’un des piliers des forces ukrainiennes, causant de lourdes pertes aux forces russes. L’obsession des forces spéciales russes est de trouver et de détruire ces appareils. L’armée russe a alors affecté plusieurs systèmes de défense aérienne pour les neutraliser. L’enthousiasme des forces ukrainiennes est allé jusqu’à composer une chanson sur le drone.

Moscou avait protesté fin décembre dernier et au début de la guerre contre la vente de ces drones par la Turquie à l’Ukraine. Il semble qu’Ankara ait arrêté la vente de l’avion à Kiev parce qu’elle souhaite jouer un rôle de médiateur entre les deux parties pour mettre fin à la guerre.

L’attaque majeure menée lundi par l’armée russe contre 23 villes à l’aide de missiles et de drones souligne l’importance des drones iraniens qui ont été utilisés. La Russie s’est appuyée sur les drones iraniens Shahed 136 pour attaquer plusieurs infrastructures énergétiques dans ces villes. Moscou fait preuve de prudence dans l’utilisation de ses drones en prévision d’une confrontation majeure avec l’Occident. De plus, les drones russes sont chers et ne sont pas suicidaires. Washington avait indiqué en juillet dernier que la Russie s’appuyait sur des drones iraniens. Il y a une semaine encore, Moscou utilisait des drones pour attaquer les forces ukrainiennes dans l’est du pays, près du Donbass, mais c’est la première fois que des drones sont utilisés pour attaquer des villes comme Kiev.

De plus, les drones iraniens sont presque les drones les moins chers du monde, ils sont très simples, suicidaires et parcourent 2 500 km pour atteindre leur cible. La Russie s’est tournée vers ces drones après qu’ils ont prouvé leur efficacité dans la guerre du Yémen, où les forces houthies les ont utilisés contre des installations pétrolières et des aéroports saoudiens. La plupart des systèmes anti-aériens occidentaux, notamment américains, n’ont pas été en mesure de tous les intercepter au Yémen. Cet aspect est crucial pour évaluer l’efficacité d’une arme.

Le fait que la Russie s’appuie sur un drone iranien constitue une excellente propagande pour l’industrie de la défense iranienne, car cela devrait accroître la demande de ce drone de la part d’autres pays. C’est une réédition de ce qui s’est passé avec le drone turc, Bayraktar, qui a joué un rôle actif dans la crise libyenne, dans la guerre arméno-azerbaïdjanaise et plus tard en Ukraine, où la Turquie a fait beaucoup d’acrobaties pour vendre cet équipement militaire. C’est maintenant c´est le tour de Shahed 136 pour la gloire.

Cette évolution suscite en même temps des inquiétudes dans des pays comme les États-Unis, l’Arabie saoudite et Israël qui ont des problèmes avec l’Iran.

Ainsi, la guerre russo-ukrainienne est la première guerre au cœur de l’Europe dans laquelle des armes fabriquées dans des pays du sud comme la Turquie et l’Iran sont utilisées.

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