La région de Tan-Tan au sud du Maroc est le théâtre de manœuvres militaires maroco-américaines annuelles appelées ” Le lion de l’Afrique ” pendant ces jours. C’est le deuxième exercice militaire commun entre les deux pays en moins d’un mois. Ces manœuvres sont importantes dans la mesure où elles constituent un laboratoire d’expérimentation des méthodes d’intervention militaire et humanitaire dans les zones de conflit ou les zones d’influence pour le Pentagone.
Les manœuvres de la dernière année ont été gelés à cause de la décision de Washington de soumettre une proposition au Conseil de sécurité de l’ONU visant à attribuer aux forces de la MINURSO la surveillance du respect des droits de l’homme au Sahara marocain, laquelle proposition a été finalement retirée. Par la suite, le Maroc avait accepté d’effectuer des manœuvres symboliques axées sur le travail de renseignement, avec la participation de militaires allemands, ce qui n’avait pas été officiellement annoncé.
Le Maroc officiel garde le silence et ne fournit aucune donnée sur ces manœuvres, conformément à son habitude d’un État qui n’a encore rien compris à l’importance de la communication, tandis que l’ambassade américaine à Rabat a publié un communiqué avec des données chiffrées, parlant de la participation de 350 soldats du corps des Marines, venant de la Caroline du Nord et du Massachusetts, en plus de 150 soldats marocains, dont la plupart relèvent des forces de commando.
Le nombre des Marines est nettement inférieur à celui des années précédentes, y compris l’année dernière où l’exercice devait mobiliser 1400 soldats Marines. Cette baisse est peut être due à la baisse du nombre de conflits impliquant les États-Unis, en plus de celle du budget. Par contre, les manœuvres de 2015 seront d’une grande ampleur et verront la participation d’avions de chasse F – 16.
Le 6 mars dernier, des manœuvres marines limitées ont eu lieu au large de Casablanca, avec la participation de la frégate de guerre américaine ” Simpson ” en plus de frégates marocaines. Le but était la sécurité maritime, en particulier celle de la Sixième Flotte et celle des routes maritimes dans l’océan Atlantique.
La Pentagone compte sur les manœuvres ” Lion de l’Afrique ” car elles ne sont pas seulement militaires mais servent de laboratoire pour tester la capacité des États-Unis d’intervenir dans certaines zones où la nécessité de contrôler la sécurité s’ajoute à la nécessité de tisser des relations humaines avec la population. Alifpost avait déjà publié des informations sur les objectifs de cet exercice, et qui qualifiait la région marocaine de Tan-Tan comme un lieu de rencontre des populations arabes, amazighes et sahraouies, représentant ainsi la diversité culturelle et ethnique du monde arabe. Par la même occasion, les Marines vivent une expérience humaine en établissant des contacts avec les populations locales à travers les soins médicaux et l’enseignement.
En fait, la région s’est Tan Tan est devenue une base militaire américaine qui ne dit pas son nom, puisque par commodité diplomatique on continue de parler de ” base commune ” pour éviter au Maroc de paraitre comme un pays qui accorde au Pentagone de larges facilités, comme ce fut le cas dans les années soixante du siècle dernier où le Maroc abritait officiellement des bases américaines.
Dans le même temps, ces exercices sont importants pour l’armée marocaine, qui se frotte ainsi aux plans de guerre et aux armes des États Unis, tout en améliorant la coordination au niveau du renseignement et du soutien logistique.