Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a eu un échange informel avec le leader du Polisario Mohamed Abdelaziz, qui a porté sur le conflit du Sahara. La rencontre n’avait pas été planifiée mais s’est produite de manière fortuite lors du sommet de l’Union africaine organisé à Malabo jeudi et vendredi derniers. En même temps, le gouvernement de Madrid a décidé d’ouvrir dans les camps de Tindouf un centre de l’institut Cervantès.
En tant qu’ancienne puissance coloniale du Sahara, l’Espagne est considérée par l’Organisation des Nations Unies comme partie dans la recherche d’une solution au conflit. Jamais un chef de gouvernement espagnol n’a rencontré officiellement le leader du Polisario Mohamed Abdelaziz, y compris Felipe Gonzalez, qui a visité les camps de Tindouf pendant qu’il était leader de l’opposition et défendait la reconnaissance de la soi-disant «République Sahraouie» parmi les pays de l’Amérique latine, avant de changer d’avis une fois au pouvoir en 1982.
Pour sa part, Maria Aznar a accueilli le leader du Polisario, mais après avoir quitté le pouvoir en 2004 et non en sa qualité de chef du gouvernement. Quant à Jose Luis Rodriguez Zapatero, il avait reçu Mohamed Abdelaziz dans une réunion à huis clos en sa qualité de secrétaire général du Parti socialiste et non de chef du gouvernement. Il n’avait pas autorisé la publication des photos de cette rencontre pour éviter la colère Maroc.
Jeudi dernier, il y a eu la première rencontre publique mais informelle entre le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy et le leader du Polisario Mohamed Abdelaziz à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale à l’occasion du 23 sommet de l’Union africaine. Mariano Rajoy a participé au sommet en qualité d’invité d’honneur à l’invitation de la Mauritanie.
Dans la photo officielle lors de l’ouverture, Rajoy se tenait debout à côté d’Abdelaziz. Il n’y a pas eu de fuite à propos de l’objet de la discussion entre les deux hommes, mais des proches du Polisario confirment que Rajoy a confirmé au chef du Polisario le soutien de l’Espagne à la solution de l’autodétermination, cependant que d’autres observateurs sont convaincus que Madrid préfère pour le moment la proposition d’autonomie pour éviter d’irriter le Maroc. D’ailleurs, le Polisario a récemment critiqué le gouvernement de Madrid en raison de sa position dans le différend.
Toujours en relation avec le Sahara, le gouvernement de Madrid a décidé d’ouvrir à Tindouf un centre de l’institut Cervantes, qui est l’institut culturel officiel de l’Etat espagnol. Ce sera le premier établissement public officiel ouvert par l’Espagne dans les camps de Tindouf, où se trouve la direction du Polisario.
Cette rencontre, ainsi que l’ouverture à Tindouf d’un centre culturel de l’institut Cervantes, sont de nature à provoquer la colère du Maroc. Cependant, Rabat évite de réagir ou de commenter les décisions espagnoles, y compris lorsqu’elles concernent Ceuta et Melilla, dans l’espoir de na pas perdre l’appui de l’Espagne dans le conflit du Sahara.