Le 28 mai, des élections municipales et régionales ont eu lieu en Espagne, qui se sont conclues par une lourde défaite du Parti socialiste au pouvoir et de son partenaire de la coalition gouvernementale, Podemos. Le Parti populaire, parti d’opposition, a remporté une large victoire, ainsi que le parti ultranationaliste Vox. Le Premier ministre Pedro Sánchez a convoqué des élections générales anticipées pour le 23 juillet, et la droite pourrait gagner, ce qui pèserait sur les relations entre Rabat et Madrid.
Il est de tradition dans la politique espagnole que le parti qui remporte les élections et l’autonomie remporte les élections législatives. Le parti socialiste ne peut pas présenter un nouveau projet et les élections sont dans moins de deux mois. Par conséquent, la victoire de la droite et sa formation du prochain gouvernement est une logique politique.
L’arrivée d’un nouveau parti à la tête du gouvernement représente sans doute un nouveau changement, bien que relatif, dans la gestion des affaires nationales et les relations internationales. En ce qui concerne le Maroc, le Parti Populaire, alors qu’il était dans l’opposition, a adopté des positions peu amicales sur les questions marocaines. Cependant, son arrivée au pouvoir ne signifie pas qu’il provoquera une crise avec un voisin stratégique comme le Maroc. Il ne faut pas non plus s’attendre à ce qu’il continue à adopter la politique de Pedro Sánchez sur les affaires marocaines. En ce sens, les répercussions d’un gouvernement du PP sur le Maroc sont les suivantes :
Tout d’abord, le Parti Populaire a exprimé son rejet quant à la position de l’actuel chef du gouvernement de soutenir la proposition d’autonomie dans le conflit du Sahara. Des sources politiques à Madrid ont confirmé que le chef de l’opposition, le secrétaire général du Parti Populaire, Alberto Núñez Feijoo, avait envoyé un message au Roi Mohamed VI l’année dernière lui disant que “la position de Sanchez sur le Sahara ne sera pas maintenue par le Parti Populaire s’il dirige le gouvernement à l’avenir. Le parti populaire estime que la reprise des relations diplomatiques avec l’Algérie, actuellement gelées en raison de la position pro-autonomie de Madrid, est fondamentalement liée à une rétractation de ce soutien. L’ancien premier ministre socialiste José Luis Rodriguez Zapatero soutenait l’autonomie. Lorsque son successeur Mariano Rajoy, issu du Parti populaire, est arrivé, il a affirmé son soutien aux résolutions de l’ONU et a gelé le soutien de Madrid à l’autonomie.
Deuxièmement, le Parti Populaire n’obtiendra pas la majorité absolue et nécessitera les voix du parti extrémiste Vox. Ce dernier ne tolère pas le Maroc dans le cas de Ceuta et Melilla. Il accuse également les autorités marocaines d’utiliser l’immigration illégale contre l’Espagne pour faire pression sur des questions telles que le Sahara. Le Parti Populaire acceptera certaines exigences de son allié possible au sein du gouvernement.
Troisièmement, le prochain gouvernement adoptera une politique dure à l’égard des immigrés, et l’une des principales victimes sera la communauté marocaine. Et si le Parti Populaire est strict sur l’immigration, mais pas dur, alors tout gouvernement de coalition avec le Parti Fox aura tendance à adopter une politique dure. Vox mise sur un discours dur sur l’immigration pour gagner des voix.
L’ancien Premier ministre Mariano Rajoy du Parti Populaire avait adopté une politique extérieurement modérée à l’égard de Rabat et de Madrid, mais pas franchement favorable au Maroc. La question demeure : le Parti Populaire, dans sa politique à l’égard du Maroc, s’appuiera-t-il sur l’héritage de Rajoy ou sera-t-il l’otage de la ligne dure de VOX ?
Par ailleurs, le leader du Parti Populaire admire l’ancien Premier Ministre José María Aznar et écoute ses conseils en matière de politique étrangère. Préférera-t-il la politique relativement conciliante de Rajoy ou la politique de confrontation avec le Maroc d’Aznar ?