La Cour d’Appel de la ville de Kenitra a condamné aujourd’hui à la prison à vie le policier Hassan Ballouti qui avait tué par balles trois de ses collègues à Machraa Belksiri, crime qui avait provoqué un choc au sein de l’opinion publique nationale. La défense de l’accusé a estimé que le procès n’était équitable et que les véritables causes qui ont conduit à ce crime, qui découlent de la prétendue corruption au sein du corps de la police, n’ont pas été élucidées.
Hassan Ballouti avait ouvert le feu en Mars dernier sur trois de ses collègues de travail dans la petite ville de Machraa Belksiri. Il avait ensuite déclaré que son acte est une réaction à l’humiliation qu’il avait subie et à la corruption qui règne au sein du commissariat duquel il dépend et, de façon plus générale, au sein de la préfecture de Police de Kénitra. La Direction Générale de la Sureté Nationale a diligenté une enquête sur les circonstances de ce drame, mais elle n’a pas fourni aucune explication à l’opinion publique, malgré la grande sensibilité du sujet, qui touche un secteur aussi vital que l’organe chargé de la sécurité.
La Cour d’Appel de Kenitra a donc prononcé aujourd’hui son verdict en condamnant le policier à la prison à vie au moment où son avocat, Maitre Habib Haji, avait quitté la salle d’audience, pour exprimer sa protestation contre le refus de la Cour d’ordonner une expertise médicale de son client et son refus d’auditionner les témoins. « Comment, s’interroge-t-il, peut-on accepter que le parquet et le juge d’instruction auditionnent les témoins et que la Cour refuse de le faire ? Pour moi, rester dans la salle d’audience revenait à cautionner des agissements des pratiques préjudiciables à la magistrature et à la mission de l’avocat »
L’accusé Hassan Ballouti a refusé d’adresser la parole à la Cour et a même refusé de s’y présenter. Il a dû y être emmené de force.
L’opinion publique s’attendait à un procès complet et global, qui ne se contente pas de condamner l’accusé, mais dévoile les raisons pour lesquelles le policier a ouvert le feu sur ses collègues de travail. Le public pariait aussi sur le traitement, en parallèle, de l’action en justice introduite par une association de défense des droits de l’Homme qui a demandé une enquête sur les soupçons de corruption révélés par Hassan Ballouti.