Prince Hicham : La démocratisation de l’Algérie va mettre le régime marocain dans une situation difficile

Prine Hicham
Le prince marocain Hicham Alaoui souligne que l’institution militaire algérienne pourrait apprendre de la méthodologie/manœuvre du Makhzen marocain pour répondre aux exigences démocratiques du peuple algérien. Rappelant que si les Algériens parviennent à instaurer la démocratie, le Maroc sera dans une situation difficile.

Hicham Alauí a exposé ces idées lors d’une conférence à l’Université Duke le 28 mars 2018. Le titre était “Le monde arabe entre révolution et contre-révolution”. Cette conférence coïncide avec le retour du printemps arabe dans des pays comme le Soudan, la Jordanie et surtout l’Algérie. Les idées principales de cette conférence sont :

1 : Le printemps arabe et ses conséquences ressemblent beaucoup aux révolutions européennes de 1848. Une différence, cependant, est que la réaction contre-révolutionnaire contre le printemps arabe produit une version rénovée et non éclairée de l’autoritarisme qui ignore la nouvelle réalité sociale et au lieu de cela réduit son pouvoir patriarcal et despotique. Alors que les despotes éclairés de l’Europe ont cherché à absorber et à détourner le changement en offrant aux citoyens un nouveau type d’ordre politique, ou du moins des réformes conçues pour intégrer des formes croissantes de conscience nationaliste, l’ordre du printemps post-arabe offert par les autocrates régionaux est différent. Il tente d’écraser le changement en éliminant toute dissidence.

2 : Situation au Maghreb. Comme l’Egypte, l’armée algérienne est l’épine dorsale de l’Etat. L’ère Bouteflika a été une modeste reconfiguration de cette formule, alors que le président civil grignotait cette hégémonie en faisant appel à de nouvelles élites commerciales et en réorganisant les services de sécurité. La chute de Bouteflika marque le retour de l’armée sur le devant de la scène politique algérienne. Ce moment politique est une transition, mais pas nécessairement démocratique. L’armée algérienne tentera d’apprendre de son ennemi juré, le makhzen marocain, en recyclant le système et ses élites. A l’inverse, le Makhzen marocain regarde l’Algérie avec appréhension. Les deux régimes, monarchique et militariste, ont des caractéristiques communes ; ce sont des autocraties libéralisées avec des élites pluralistes et des processus décisionnels opaques. Si le régime algérien fait de véritables pas vers la démocratisation, le système marocain se trouvera dans une position délicate.

3 : La Chine et la Russie sont des puissances internationales qui n’ont aucun intérêt à promouvoir la démocratisation. Cependant, ils utilisent des stratégies différentes pour ce faire. La Russie fournit une couverture diplomatique aux autocraties, comme en Syrie et en Ukraine, et est même disposée à intervenir militairement pour renforcer leurs régimes favoris. La Chine est plus subtile, soutenant les autoritaires du Moyen-Orient par des ressources économiques et financières, ainsi que par une augmentation prometteuse du commerce et des investissements.

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