Polémique en Espagne à propos de « l’authenticité » de la lettre envoyée par le Chef du Gouvernement au roi du Maroc au sujet du Sahara

Le Roi du Maroc Mohamed VI et le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez

Le conflit du Sahara est devenu un sujet majeur dans le débat politique en Espagne, en particulier à l’approche des élections législatives du 23 du mois prochain. Ce qui est nouveau et objet de polémique, c’est l’allusion de la présidence du gouvernement et du ministère des Affaires étrangères à Madrid à la fameuse lettre envoyée par le Premier ministre Pedro au roi Mohammed VI sur le soutien à la formule de  l’autonomie comme solution au conflit.

Pedro Sánchez a envoyé une lettre au roi Mohammed VI en mars 2022 où il considérait l’autonomie comme une solution idéale au conflit du Sahara, c’est cette lettre  qui a rétabli les relations entre les deux pays après une crise diplomatique épineuse. Bien qu’il n’ait pas déclaré son soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara, contrairement à l’ancien président américain Donald Trump, l’opposition espagnole a estimé que ce faisant, Sánchez avait renoncé à la position classique de la diplomatie espagnole sur ce différend.

Le texte original de la lettre de Sanchez au roi Mohammed VI n’a pas été publié, et c’est le Palais Royal marocain qui a annoncé l’existence de la lettre. El Pais a publié des extraits de son contenu sans publier la version réelle. Le journal « Debate » a eu recours au « conseil de la transparence » pour exiger du gouvernement qu’il  publie le texte de la lettre. Le conseil a jugé que le gouvernement devait remettre une copie de la lettre au journal. La présidence du gouvernement ne l’a pas remis au journal malgré cette décision. En revanche, une réponse étrange est venue de la présidence du gouvernement, où Beatriz Pérez Rodríguez, responsable du département technique et juridique du Moncloa  (siège de la présidence du gouvernement), a confirmé qu’il n’y avait pas de lettre dans les archives de cette institution adressée par le Premier ministre Sánchez au roi Mohammed VI du Maroc.

 Le gouvernement avait déclaré que le contenu de la lettre ne pouvait pas être divulgué pour protéger les relations bilatérales entre Madrid et Rabat, puis a confirmé qu’elle avait été publiée sur le site de la présidence du gouvernement, et  maintenant elle affirme  qu’elle n’existe pas. Tout cela provoque une grande controverse en Espagne : s’agit-il d’une lettre envoyée par Sanchez au roi du Maroc ou d’une simple conversation téléphonique entre les deux parties dont la transcription sous forme de procès- verbal s’est transformée en une lettre.

L’opposition conservatrice ainsi que les médias de droite utilisent cette polémique pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il dévoile la véritable version de la lettre. Le Parti populaire d’opposition, qui semble en position de gagner aux élections du 23 juillet, s’est engagé à publier ce message lorsqu’il accèdera à la présidence du gouvernement.

il est probable que la présidence du gouvernement actuelle, en niant l’existence de la lettre, souhaite éviter l’impact de la lettre sur les relations bilatérales entre l’Espagne et le Maroc, et ne veut pas influencer  le déroulement des élections législatives du 23 juillet et préfère laisser au prochain gouvernement le soin de publier le texte de la lettre, qu’il soit dirigé par le Parti socialiste ou par la droite conservatrice si elle emporte les élections.

Pedro Sánchez avait souligné il y a quelques jours la justesse de son soutien à l’autonomie comme solution au conflit du Sahara et avait affirmé que la mise en œuvre de cette solution devait  se dérouler dans le cadre des Nations Unies et après son acceptation par le  Polisario.

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