Un ex-capitaine marocain, qui dit avoir été victime de représailles après avoir dénoncé la corruption dans l’armée marocaine, a porté plainte vendredi contre le roi Mohamed VI et un général, a annoncé à l’AFP son avocat.
Cette démarche pourrait tendre encore les relations entre Paris et Rabat, en crise depuis que la justice française avait souhaité entendre il y a trois mois le patron du contre-espionnage marocain, en visite à Paris, dans le cadre d’une autre enquête judiciaire pour tortures.
Consultée par l’AFP, la plainte de Mustapha Adib vise le Maroc et une trentaine de responsables militaires et civils. Il y dénonce des faits de torture et des «traitements cruels et dégradants».
Elle a été déposée parce que Mustapha Adib a appris que l’un des responsables qu’il attaque, le général Abdelaziz Bennani, était actuellement en France, hospitalisé au Val-de-Grâce à Paris.
Elle intervient alors que l’ex-officier a été placé vendredi en garde à vue par les gendarmes, le général Abdelaziz Bennani, affirmant avoir reçu des lettres de menaces à l’hôpital.
«Si M. Adib a pu constater la présence de M. Bennani à l’hôpital, confirmée devant la chambre par les proches de ce dernier, il n’a pu le rencontrer physiquement ni échanger avec lui», a réagi son avocat Me Moutet, réfutant toute «menace écrite ou agression morale».
«La garde à vue de Mustapha Adib, orchestrée en urgence absolue par la diplomatie française à la demande de Rabat, est une réponse totalement démesurée, qui prend évidemment sa source dans d’autres dossiers, dont Monsieur Adib est aujourd’hui la victime collatérale», a dénoncé l’avocat.
Agé de 45 ans, Mustapha Adib vit en France après avoir quitté le Maroc.
Dans sa plainte, il explique que ses ennuis ont débuté à la fin des années 1990 quand, jeune officier dans une base aérienne, il avait dénoncé des faits de corruption, notamment de détournement de carburant par des officiers.
Il explique dans sa plainte avoir écrit le 13 novembre 1998 à Mohamed VI, alors prince héritier, pour l’informer. Dès lors, les mesures de rétorsion auraient commencé: placement aux arrêts, reports de congés payés, violences physiques…
Fin 1999, Mustapha Adib est cité dans un article du Monde sur le thème de la corruption dans l’armée marocaine, selon la plainte.
Arrêté, il aurait alors été interrogé par des officiers, dont Abdelaziz Bennani, qui lui auraient reproché d’être entré en contact avec un journaliste étranger.
Finalement condamné à deux ans et demi de prison en 2000, il avait reçu le soutien de la Fédération internationale des droits de l’Homme et était resté incarcéré jusqu’en 2002.