La justice marocaine a annoncé, mercredi 7 octobre, l’ouverture d’une enquête sur Maati Monjib, un intellectuel militant connu pour ses positions critiques, suspecté de « blanchiment de capitaux » après des informations sur des « transferts importants d’argent » et des propriétés immobilières suspectes. « La police judiciaire mène l’enquête sur instruction du parquet général », a indiqué dans un communiqué le procureur général du roi auprès du tribunal de première instance de Rabat.
Le parquet a été lui-même saisi par une unité spécialisée pour « un inventaire de transferts de fonds importants et une liste de biens immobiliers » qui « ne correspondent pas aux revenus habituels déclarés par M. Monjib et les membres de sa famille », a-t-il ajouté.
L’historien âgé de 60 ans a affirmé sur sa page Facebook que les faits n’étaient « pas nouveaux » et figuraient déjà dans l’acte d’accusation d’un procès pour « malversations financières » et « atteinte à la sécurité de l’Etat », ouvert en novembre 2015 et vingt fois reporté depuis.
« Je suis innocent de toutes ces accusations diffamatoires », écrit-il sur sa page Facebook. « Le but de ces poursuites est de me sanctionner à cause d’une récente déclaration à la radio dans laquelle je parle du rôle de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST, renseignement intérieur) dans la répression des opposants et la gestion des affaires politiques et médiatiques au Maroc ».
« Coup monté »
« Heureusement (…), l’accusation n’est pas sexuelle », a-t-il ironisé en référence aux affaires de mœurs qui ont valu des poursuites judiciaires ou des condamnations à plusieurs journalistes marocains aux positions critiques. Parmi eux, Omar Radi, un journaliste militant de 33 ans, a été placé en détention préventive fin juillet pour une double affaire de viol et d’espionnage présumés. Lui-même se dit victime d’un « coup monté ». Maati Monjib a pris plusieurs fois position publiquement pour prendre sa défense.
Comme Omar Radi, son cas figure dans un rapport d’Amnesty International accusant les autorités marocaines d’utiliser un logiciel espion pour pirater les téléphones de ses opposants politiques. Rabat a démenti en exigeant des « preuves » de ces « accusations graves et tendancieuses ».
La prochaine date du procès ouvert en 2015 a été fixée au 29 octobre. Sept autres journalistes et militants des droits humains sont jugés en même temps que Maati Monjib. Les peines encourues vont d’un an à cinq ans de prison. L’opposant marocain a déjà reçu le soutien de plusieurs organisations internationales de défense des droits humains qui ont demandé l’abandon des charges.