D’ici la fin de l’année, la Mauritanie sera en mesure de rejoindre le club des pays exportateurs de gaz liquéfié, étant donné que la base d’exportation du projet gazier “Ahmim Torti”, exploité conjointement par la Mauritanie et le Sénégal sous la supervision de la société britannique BP, a été achevée. Ce fait pourrait être à l’origine des réticences de la Mauritanie à l’égard du gazoduc Nigéria-Maroc.
Les Mauritaniens et les Sénégalais attendent l’arrivée de la plateforme flottante géante de production, de stockage et de livraison de gaz, qui fait actuellement route vers les côtes mauritaniennes en provenance de la Chine, après sa fabrication, sa construction et son équipement, et l’achèvement de ses expérimentations techniques. Le processus de test de ses dispositifs, de construction de sa structure et de réglage de son réseau électronique a duré trois ans et demi. Cette plateforme est la composante principale du projet gazier mauritano-sénégalais, en plus du développement intégré des mines de gaz en eaux profondes, et d’un ensemble d’autres dispositifs flottants pour les opérations de transport de gaz naturel.
Entre 2014 et 2015, le géant américain Kosmos Energy a découvert le champ “Torte Ahmeim” à la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal. Les premières expéditions de gaz vers les marchés mondiaux devraient être exportées l’année prochaine, avec un retard d’un an par rapport à la date prévue pour le début des expéditions, en raison de l’impact de l’épidémie de Covid 19.
Une partie de la consommation sera destinée à la consommation intérieure de la Mauritanie et du Sénégal, une autre au marché international, notamment l’Espagne et la France et peut-être l’Allemagne, sans exclure le Maroc comme futur client possible.
L’exploitation par la Mauritanie du gaz découvert peut expliquer la position froide de Nouakchott à l’égard du projet proposé par le Maroc de relier le Nigeria au Maroc par un gazoduc pour approvisionner les pays d’Afrique de l’Ouest. Depuis que le Maroc a proposé le projet de gazoduc, la Mauritanie ne s’y est pas intéressée, ni officiellement, ni dans la presse. Les hommes politiques mauritaniens se sont interrogés sur la proposition marocaine de projet de gazoduc à un moment où la Mauritanie découvrait du gaz.
Les quantités de gaz découvertes en Mauritanie ne sont pas comparables aux réserves du Nigeria, mais il est clair que Nouakchott est froid vis-à-vis du gazoduc Nigeria-Maroc. Les relations entre le Maroc et la Mauritanie traversent une crise inopinée dont l’une des manifestations est la non visite au Maroc du président mauritanien Al-Ghazwani et la visite du roi mauritanien Mohammed VI.