Les douze personnalités de l’année 2013 au Maroc

Les douze personnalités de l’année 2013 au Maroc

Au Maroc, plusieurs personnalités et organismes politiques, sociaux ou sportifs ont marqué de leur emprunte l’année 2013. Il y a deux façons de choisir ces personnalités: soit par un sondage des lecteurs, soit en utilisant des paramètres choisis par les médias. En cette fin d’année, Alifpost se livre à cet exercice en pariant sur les critères qui lui semblent les plus pertinents.

C’est ainsi que nous avons choisi douze personnalités en se basant sur les 12 mois de l´année, en prenant comme critères le rayonnement médiatique national et international, l’impact sur ​​la société marocain sur le court, moyen et  long terme, et le « plus » apporté. A dessein, nous n’avons sélectionné aucun artiste, vu que la plupart d’entre eux multiplient les courbettes et les actes d’obséquiosité vis-à-vis des autorités. Nous avons également laissé de côté les acteurs économiques à un moment où l’endettement du pays augmente de façon inquiétante.

Les douze personalités

Houcine El Ouardi: Ce ministre de la santé est le premier dans l’histoire du Maroc, qui, pour faire baisser les prix de plusieurs médicaments, a tenu bon devant le puissant lobby de l’industrie  pharmaceutique nationale, dans un pays où le médicament est considéré comme un luxe, et dont les prix sont parfois plus élevés que dans les pays européens. Dans le même temps, ce ministre n’a pas hésité à appliquer la loi aux médecins dans les cas d’« erreurs » médicales. C’est ainsi qu’il a tenu à ce qu’un médecin de Tanger et un infirmier anesthésiste soient traduits devant un conseil de discipline. El Ouardi a fait preuve de fermeté et a pris des décisions courageuses dans un secteur, celui de la santé, qui a commencé à constituer un des foyers de tension sociale.

Le roi Mohammed VI :  Le roi a occupé le devant de la scène à la fois positivement et négativement. C’est ainsi qu’il a subi de plein fouet la protestation sociale après la faute de la grâce qu’il a accordée au pédophile espagnol Daniel Galvan. D’un autre côté, il a réussi a sauvé le Maroc dans le conflit du Sahara en à convaincre les capitales mondiales, comme Moscou et Pékin, à s’opposer au projet de Washington d’étendre le mandat de la MINURSO au contrôle du respect des droits humains.

– Le prince Hicham : Le choix du prince Hicham pour la troisième fois est basé sur sa forte présence dans les médias en faveur de la démocratie et des droits humains. Ses prises de positions puisent leur importance de sa qualité de prince, membre d’une dynastie régnante et encore otage de ses traditions obsolètes. Le prince n’a pas hésité à publier une tribune consacrée  à l’affaire du pédophile Galvan  au moment où des personnalités du camp progressiste ont préféré le silence. Il n’a pas hésité non plus à déclarer sa solidarité avec Ali Anouzla, directeur de la version arabophone du site Lakome, suite à son emprisonnement. Il a enfin annoncé  récemment qu’il allait publier ses mémoires en Avril 2014. Il sera ainsi le premier prince Marocain qui va s’apprêter à cet exercice. Il est peu probable que d’autres princes le suivent dans ce chemin.

La princesse Lalla Salma : L’épouse du roi participe, comme les autres princesses de la famille royale, aux œuvres de la charité humanitaire.  Cependant, elle a su donner à son action une dimension plus grande.  En effet, sa lutte contre le cancer est un véritable intérêt qui dépasse les apparitions de circonstance.  La fille du peuple semble bien consciente que la santé et la médecine est un luxe pour les pauvres.

Hamid Chabat : Les médias ont des approches variées lorsqu’ils  évoquent le nouveau  Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal. Certains considèrent que c’est d’abord un personnage populiste, d’autres lui reconnaissent des qualités de politicien chevronné.  Ses sorties médiatiques sont si nombreuses qu’il tombe parfois dans la vulgarité. Cependant, ce qui le qualifie à figurer parmi les personnalités ayant marqué l’année 2013 est sa décision de se retirer du gouvernement, sans autorisation préalable du Palais royal, puisque jusqu’à présent, la démission du gouvernement était un des tabous de la politique marocaine. Par conséquent, cette décision du parti de l’Istiqlal est en soi un acte qui a apporté un plus à la pratique de la politique dans le pays, et ce sans jugement de sa pertinence, ce qui demeure un autre sujet.

Le journal numérique Lakome : Les médias numériques commencent à dépasser les journaux papier en termes d’influence.  L’année 2013 a constitué un tournant historique grâce à l’information publiée par le site Lakome, dont le directeur de publication est Ali Anouzla, concernant la grâce royale accordée au pédophile Daniel Galván. Cette information a constitué un vrai séisme politique et social et a placé l’institution monarchique dans une position inconfortable face à l’opinion publique nationale et internationale.

 Adil Chikito : De temps en temps, le débat s’engage au Maroc à propos des rituels d’allégeance au roi, que certaines personnes n’hésitent pas à qualifier de dégradants pour la dignité humaine, alors que d’autres les trouvent contraires aux préceptes de l’islam puisque qu’ils comportent un mouvement de génuflexion identique à celui de la prière. Cependant, personne n’a osé à ce jour refuser de participer à la cérémonie, même parmi les cadres des partis à référence islamiste, sensés bien connaitre les mouvements rituels de la prière dans l’islam.  De même, les députés et dignitaires des partis les plus progressistes, ont toujours été présents à cette cérémonie annuelle. La surprise est venue cette année du parlementaire Adil Chikito, appartenant au Parti de l’Istiqlal, très conservateur. Le jeune député a tout simplement annoncé son refus d’assister à la cérémonie car elle est, selon lui, contraire à l’islam. Cette décision a soulevé une belle polémique et ne manquera pas d’avoir des conséquences dans l’avenir.

 Khadija Riyadi : L’Organisation des Nations Unies a honoré Mme Khadija Ryadi en lui décernant le Prix des droits de l’homme de l’année 2013, sachant que c’est un prix décerné tous les cinq ans. Cette distinction vient couronner  un long processus de militantisme, et constitue en même temps un signal « d’avertissement » à l’Etat marocain dont l’approche des droits de l’homme diffère de la notion de droits de l’homme internationalement reconnues.

L’équipe Raja de football: Le football Marocain a vécu des revers sérieux à la suite de scandales dont l’origine est politique, puisque l’État profond (qui a le vrai Pouvoir) a tout fait pour instrumentaliser à son profit ce jeu populaire. Dans cet univers malsain, la participation de l’équipe du Raja de Casablanca à la Coupe du Monde des clubs champions, qui a eu lieu à Agadir et Marrakech, et surtout sa qualification à la finale contre le prestigieux club du Bayern de Munich, a donné aux Marocains des moments de fierté et permis un début de réconciliation avec le sport national.

 Chakib Khayari : Voici des années qu’il appelle à légaliser la culture du cannabis à un moment où un tel appel était considéré comme une offense à la loi. Il est même passé par la case prison à cause de sa conviction.  En 2013,  il a réussi à initier ce débat, déjà ouvert  dans d’autres pays,  au sein du parlement Marocain. Certains partis ont compris l’initiative, d’autres veulent juste l’instrumentaliser. L’histoire retiendra que ce jeune rifain a pu donner à ce dossier épineux un cadre institutionnel.

 Haj Hatim Benhamou : Les Marocains ont pris l’habitude d’entendre par les médias les nouvelles de ces jeunes Marocains qui partent combattre en Afghanistan, en Irak, et récemment en Syrie et au Yémen. A 70 ans, Haj Benhamou a vécu une aventure humaine unique : son gendre est mort en combattant aux côtés des salafistes de Dammaj dans l’Etat du Yémen,  laissant derrière lui une femme enceinte et un enfant. C’est ainsi que Haj Hatim, qui parle à peine l’arabe, est parti au Yémen à la recherche de sa fille qu’il a pu, non sans difficultés, trouver et ramener au  Maroc.

 Abdallah Laroui : Depuis des années, l’intellectuel et historien Laroui se fait discret et ses derniers livres n’ont pas eu un fort impact dans la société. Récemment, il est revenu à l’actualité dans le sillage de la grande polémique provoquée par l’appel à introduire l’arabe vernaculaire (la darija) à l’école, et qui a été lancé par un personnage proche de l’entourage du roi.  Lors d’un débat télévisé avec cet individu, Laroui a été très convaincant. Au-delà du sujet abordé, sa participation à cette émission a confirmé encore une fois que les intellectuels doivent descendre de leur tour d’ivoire.

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