Parfois, certaines nouvelles se répandent, et elles ne sont pas sujettes ni à l’examen de vraisemblance ni à la vérification, pour s’assurer de leur validité et de leur réalisme, comme l’information qui a circulé à propos de la volonté des États-Unis de construire une base militaire au Maroc, ce qui n’est pas vrai .
Il suffit que le média soit un support prestigieux dans le monde du journalisme, pour que l’actualité gagne une grande crédibilité, et peut-être que l’une des nouvelles les plus importantes publiées par la plupart des journaux du monde, et qui n’a pas été soumise à investigation, est cet accord géant lié à l’achat par l’Arabie saoudite d’armes d’une valeur de plus de 400 milliards de dollars aux États-Unis en 2018, à un rythme de 40 milliards de dollars par an, mais la réalité est que seulement 3% de cet accord a été exécuté jusqu’à présent, car personne ne s’est demandé si les usines d’armement américaines sont capables de produire toute cette quantité d’armes , et si L’armée saoudienne est capable de les absorber, puis quel était le type d’armes était en jeu.
Dans le domaine militaire, les médias internationaux parlent toujours de contrats d’armement, et il arrive qu’ils parlent d’un accord qui a été annoncé plus d’une fois, alors qu’il n’a pas été mis en œuvre ces dernières années. Nous avons eu accès à un rapport de l’unité de recherche du Congrès américain, qui est très précise dans ses rapports et ses chiffres, et qui fournit des chiffres contraires à ceux publiés par la presse et certaines organisations internationales, y compris l’Institut suédois SIPRI. Le rapport indiquait qu’à peine 20% des accords annoncés sont effectivement mis en œuvre, et il y a une grande différence entre l’annonce de l’accord et la livraison d’équipements militaires.
Parmi les exemples récents, la Colombie a annoncé le mois dernier l’achat d’avions de combat Rafale Français, un certain nombre de médias internationaux ont publié la nouvelle, la Colombie a annulé l’accord il y a quelques jours et l’information n’a été publiée que dans très peu de médias.
L’une des nouvelles militaires qui nous a frappés ces derniers jours est celle qui annonçait que les États-Unis envisagent d’établir une base militaire au Maroc ainsi qu’une base industrielle militaire. Un certain nombre de médias internationaux ont rapporté une réunion tenue par le président américain Joe Biden avec le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, à la fin du mois de décembre dernier, qui a abouti à la décision d’établir une base militaire dans le sud du Maroc, en plus d’un investissement militaire dans ce pays du Maghreb. Cependant, la source de l’information n’était pas précise, d’autant plus que le journal américain mentionné, le New York News Daily, n’était pas la vraie source de l’information. Dans le même temps, de telles nouvelles ne peuvent pas être absentes des sites Web de défense américains, et les journaux occidentaux qui suivent la situation militaire n’y ont prêté aucune attention. Après consultation de plusieurs sources familières avec la politique de défense américaine, il s’est avéré qu’il n’existe aucun plan de Washington concernant la construction d’une base militaire américaine au Maroc, pour les raisons suivantes :
-Premièrement, l’ouverture d’une base militaire est soumise à de nombreux préalables et considérations, notamment, qu’elle doit être incluse dans le document de défense stratégique que toutes les institutions américaines liées à la défense, à la diplomatie et au renseignement discutent et approuvent, et généralement le président n’intervient pas dans cette affaire car c’est la compétence de l’armée et il se contente de la ratification des plans stratégiques élaborés.
– Deuxièmement, les États-Unis possèdent l´un de plus grande base à l’étranger, la base Rota dans la province espagnole de Cadix, très proche du Maroc, et ont renforcé leur présence dans la région avec des accords spéciaux avec la Mauritanie et le Sénégal pour faire face à toute urgence terroriste dans la région du Sahel. Par conséquent, la mise en place d’une base en lien avec ce qui se passe au Sahel reste impensable.
– Troisièmement, la préoccupation principale du Pentagone à l’heure actuelle est l’Asie du Sud-Est en vertu de la transition de l’économie mondiale vers cette région, d’autant plus qu’elle comprend la Chine, qui est en concurrence avec les États-Unis pour le leadership mondial. C’est une préoccupation sur laquelle Washington travaille depuis des années.
– Enfin, comment le Pentagone peut-il établir une base militaire au Maroc, au moment où le Congrès américain fait pression pour annuler les exercices African Lion, et voulait même annuler tout budget relatif à cet exercice, alors que le Pentagone a choisi la solution de compromis, qui est de la maintenir temporairement mais de réduire sa taille en transférant une partie de celle-ci aux pays voisins comme le Sénégal. Le commandant des forces américaines en Afrique, le général Townsend, après avoir fait l’éloge du Maroc, a déclaré au Congrès américain fin juillet : « Oui, nous envisageons de transférer des exercices militaires du Maroc à l’étranger, car la loi sur le budget de la défense de 2022, adoptée par le Congrès, nous invite à diversifier les lieux où se déroulent les exercices, ou peut-être à transférer une partie de l’exercice ou des éléments de celui-ci dans d’autres régions du continent africain. »
D’autre part, le Congrès a adopté une politique dure envers le Maroc ces dernières années, notamment en n’approuvant pas la vente d’armes avancées telles que certains types de drones MQ-9B, d’une valeur de 80 millions de dollars chacun. Les États-Unis ont également refusé de lui vendre le système de défense aérienne Patriot. À la lumière de cela, comment ce Congrès approuvera-t-il le transfert de technologies avancées à l’industrie militaire marocaine, étant donné que Washington apporte une partie de la technologie militaire pour la fabrication conjointe à des pays qui sont soit membres de l’OTAN, soit ont de très grands accords de défense comme les cas de la Corée du Sud et du Japon. De plus, le pays candidat doit disposer d’une base militaro-industrielle bien développée, et ces conditions ne sont pas remplies au Maroc, sauf qu’il a le statut d’allié en dehors de l’OTAN.
Ainsi, la news de la base américaine au Maroc, et aussi une base de l’industrie militaire est fausse. C’est une news qui nous rappelle une autre fausse news également publiée par plusieurs médias, notamment arabes, qui parle de la décision du Pentagone de déplacer la base militaire américaine de Rota, dans le sud de l’Espagne, vers le sud du Maroc.