Le Maroc s’engage dans sa mission la plus difficile des Nations Unies pour
établir la paix dans la République Centreafricaine
Le Maroc a décidé d’envoyer un contingent militaire en République centrafricaine en vue de participer à la mission onusienne de rétablissement de la paix. Les données politiques du conflit qui déchire ce pays permettent d’affirmer que cette participation va représenter la mission la plus difficile assumée à ce jour par un contingent militaire marocain à l’étranger. En effet, le pays est menacé par la division en raison d’une guerre à caractère religieux, alors que le rôle ambigu de la France ne fait que compliquer les choses.
L’annonce officielle a été faite mercredi à Agadir, d’engager un contingent militaire à ce pays africain. La lettre envoyée par le Roi Mohammed VI affirme que cette participation du Maroc répond à un devoir de solidarité internationale … et constitue une contribution du Royaume du Maroc dans les efforts de la communauté internationale pour défendre les nobles valeurs humaines et appuyer le dialogue, la réconciliation nationale et le développement.
Sur la base des données actuelles et de la réalité du conflit dans ce pays africain, et en comparant avec la participation du Maroc dans des opérations de maintien de paix dans d’autres régions du monde telles que le Kosovo , Congo et Haïti , la mission en cours est la plus difficile de son genre pour un contingent militaire marocain. En effet, au-delà du conflit politique et ethnique, il y a la confrontation islamo-chrétienne et la perspective de la scission menace le pays.
La République Centrafricaine vit des troubles depuis des années, mais la situation s’est aggravée suite à l’effondrement en mars dernier de l’accord sur le pouvoir au niveau présidentiel, ce qui a conduit des militaires, dirigés par les forces musulmanes, le mouvement Séléka, de s’emparer de la présidence du pays, avec comme président Michel Djotodia. Le conflit a pris une tournure grave lorsque d’une part, le Tchad s’est rallié aux musulmans, et d’autre part, le Soudan du sud a apporté son appui aux chrétiens, en particulier les milices “anti-balaka”.
Malgré la présence de troupes africaines, y compris du Tchad et du Cameroun, elles n’ont pas réussi à établir la paix. La situation a nécessité la mise en place d’une nouvelle mission de l’ONU, conduite par la France, dont les troupes sont entrées dans le pays le 5 Décembre.
Le rôle de la France est ambigu : l’édition de mercredi du journal français « Le Monde » rapporte que les militaires français dépouillent les musulmans de leurs armes et laisse les chrétiens avec les leurs. En conséquence de cette situation, les musulmans se sont retrouvés sans protection contre les attaques des chrétiens, et la dernière de ces attaques a été effectuée le mercredi.
Dans le même numéro, le journal « Le Monde » ajoute que le président Michel Djotodia a récemment crié à la face de l’ambassadeur français : « la paix dans cette république exige la protection des musulmans, Il faut protéger la minorité. Si vous n’en êtes pas capables, nous foutons le camp au Nord ! ». L’entourage du président actuel brandit la menace de la sécession entre le nord et le sud, sachant que le nord est peuplé principalement de musulmans.
Le journal « Le Monde » affirme que les milices chrétiennes tuent les musulmans, pillent leurs biens et sèment la terreur dans leurs quartiers, à un moment où la plupart des combattants du mouvement Séléka ont remis leurs armes et ne quittent pas leurs casernes.
À la lumière de ces développements, les forces militaires marocaines vont s’impliquer dans la mission onusienne la plus difficile en comparaison avec les autres missions auxquelles elles ont participé par le passé, comme celles du Kosovo et d’Haïti. L’actuelle mission exige une extrême prudence afin d’éviter toute accusation de la défense des seuls musulmans. Il est tout aussi indispensable que ces forces prennent assez de distance vis-à-vis de la France et de sa politique, tant que les musulmans de ce pays accusent Paris de s’être rangée du côté des chrétiens. Les milliers de musulmans sont sortis dans la rue, dimanche dernier, pour dénoncer la politique de la France.