Le Maroc a envoyé une note de protestation à la Commission européenne parce que cette dernière considère Ceuta et Melilla comme des territoires espagnols, alors qu’il s’agit de territoires marocains occupés. C’est la première fois en deux ans que le Maroc s’exprime sur cette question, alors qu’il poursuit ses efforts pour transformer Ceuta et Melilla en deux principaux points de passage douanier, ce qui porte atteinte à sa souveraineté sur ces territoires.
Le journal El País a rapporté il y a quelques jours que la diplomatie de Rabat a envoyé une lettre de protestation à la Commission européenne concernant les déclarations du vice-président grec de la Commission européenne, Margaritis Schinas, parce qu’il fait référence à Ceuta et Melilla en tant que villes espagnoles, affirmant qu’il s’agit de déclarations hostiles. Rabat demande à l’UE de corriger cette erreur et de considérer les deux villes comme des territoires occupés.
Le message a surpris les Européens, étant donné que le Maroc est resté silencieux sur cette question pendant des années. En effet, le président intérimaire Pedro Sánchez avait déclaré depuis Rabat, puis devant le parlement espagnol, qu’il avait demandé aux responsables marocains, y compris au roi Mohammed VI, d’éviter de parler de ce dossier.
Le Maroc avait gardé le silence lorsque le Parlement européen avait adopté, en juin 2021, une résolution dénonçant la complaisance de Rabat envers l’entrée de milliers de Marocains à Ceuta (mai 2021), en réponse à la position de Madrid, à l’époque, de rejeter la décision de l’ancien président américain Donald Trump de considérer le Sahara comme un territoire marocain. Ironiquement, le parlement marocain a protesté il y a deux mois contre l’approbation par son homologue européen de la déclaration dénonçant Rabat sur la question des violations des droits de l’homme contre les journalistes et les militants des droits de l’homme, et pourtant il n’a pas bougé pour répondre au Parlement européen lorsqu’il a considéré les deux villes comme territoire espagnol en juin 2021.
En avril dernier, certains journaux marocains ont lancé une campagne féroce contre le président du Sénat, Naama Mayara, parce qu’il avait appelé au dialogue avec l’Espagne au sujet de Ceuta et Melilla. La presse l’a accusé de vouloir nuire aux relations entre Rabat et Madrid. Parallèlement, le Maroc continue de transformer Ceuta et Melilla en points de passage douaniers officiels, sapant ainsi sa souveraineté sur les deux villes.
Par le passé, l’UE a pris soin d’éviter de parler de Ceuta et Melilla afin de ne pas fâcher le Maroc. Plusieurs pays européens ont jugé nécessaire de restituer les deux villes au Maroc, surtout après la crise de Perejil en 2002. Cependant, le silence du Maroc et les efforts de Madrid pour confirmer le caractère espagnol des deux villes ont conduit l’UE à les considérer comme un territoire espagnol. Le Maroc confirme qu’il accorde actuellement une grande importance au dossier du Sahara, qui est prioritaire, et reporte les revendications de Ceuta et Melilla à l’avenir.
Dimanche dernier, l’Espagne a célébré des élections municipales dans tout le pays et des élections régionales dans 12 régions, dont les régions de Ceuta et Melilla. Le Parti populaire, connu pour son discours radical en faveur de l’espagnolité de Ceuta et Melilla, a remporté les élections dans les deux villes. Face à la défaite du parti socialiste au pouvoir lors de ces élections, le premier ministre Pedro Sánchez a convoqué des élections anticipées pour le 23 juillet.
Le Maroc proteste auprès de l’UE pour avoir classé Ceuta et Melilla comme territoire espagnol
Ceuta