Un rapport américain a classé le Maroc à la 231ème place sur 232 à l’échelle mondiale en matière de diversité religieuse, ce qui reflète les restrictions historiques de l’autorité à l’égard des différents courants religieux marocains et d’autres religions pour des raisons politiques. Il y a également d’autres raisons historiques et sociales, notamment l’absence de diversité ethnique et religieuse au Maroc, à l’exception d’une présence juive.
Cependant cette situation est appelée à évoluer dans l’avenir pour plusieurs facteurs, dont le phénomène migratoire et le développement de la culture des droits de l’Homme.
Selon le rapport américain PEW consacré à la situation des religions dans le monde et la liberté de croyance, le Maroc est situé à l’avant-dernière place. Ce classement peut paraitre surprenant alors que le discours officiel du royaume parle de la tolérance religieuse.
Selon les données historiques, durant la première moitié du XXe siècle le Maroc connaissait une diversité religieuse en raison du protectorat. En plus de la majorité musulmane et la minorité juive qui avoisinait le demi-million sur un total de huit millions de Marocains, il y avait des centaines de milliers de chrétiens de nationalité européenne, en particulier des français et des espagnols, en plus d’une minorité hindoue.
La présence d’églises et de synagogues dans plusieurs villes marocaines témoignent de cette diversité religieuse dans le passé, mais après l’indépendance et le départ des Juifs et des Européens, cette diversité s’est estompée pour revenir à une situation semblable à celle d’avant le protectorat.
Historiquement, les autorités marocaines ont tenté de maintenir le contrôle sur la religion en imposant la version sunnite de l’Islam et en marginalisant le reste des courants religieux, tout en respectant la religion juive, parce que l’accès au Pouvoir se faisait au nom de la religion. La situation géographique du Maroc à l’extrême nord -ouest du continent africain a contribué à cet isolement religieux, contrairement à d’autres pays qui étaient traversés par plusieurs courants religieux, comme ceux du Moyen-Orient.
Dans le même temps, l’intolérance sociale qui rejette l’autre qui croit en une religion différente, a contribué à ce déclin de déclin de la diversité religieuse. Plusieurs expressions du langage courant comprenant le terme juif ou chrétien comportent une charge négative et sont parfois synonyme d’insultes.
La situation religieuse Marocaine est semblable à celle de l’Espagne qui, après l’expulsion des musulmans, a imposé le catholicisme et exclu les autres courants religieux.
Le paysage religieux du Maroc pourrait se diversifier à partir de la deuxième décennie du XXIe siècle pour les raisons suivantes :
– L’abandon de l’islam par certains membres de la communauté marocaine à l’étranger ou leur conversion à d’autres courants religieux islamiques tels que le chiisme, en particulier aux Pays-Bas et en Belgique.
– Les campagnes des missionnaires protestants au Maroc، soit par contact personnel ou sous couvert d’alphabétisation.
– La transformation progressive du Maroc en une destination pour la migration européenne et africaine. Ainsi, les églises dans des villes comme Rabat, Casablanca et Tanger sont de plus en plus fréquentées par des Africains.
– La ratification par le Maroc d’une Convention internationale relative au respect de la liberté de croyance, ce qui poussera beaucoup de Marocains à sortir de la discrétion et vouloir pratiquer ouvertement la religion qu’ils ont choisie.
– En dépit de l’intolérance et de la présence d’extrémistes salafistes, la société marocaine a commencé à accepter timidement la diversité religieuse. Des organes de défense de droits de l’homme comme l’AMDH et des partis politiques comme le PSU et le PAM appellent à la liberté de croyance.