Plus de 60% des Français ont exprimé leur mécontentement quant à la manière dont le président Emmanuel Macron gère la crise du virus Corona, alors que la chancelière allemande obtient la satisfaction de 60% de son peuple. Les sondages d’opinion demeurent impossibles dans le monde arabe, car l’acte de juger ou mettre en doute le travail du chef de l’État, qu’il soit roi ou président, revient à commettre un péché majeur qui n’est pas loin de la trahison nationale. Cette différence de vision et d’acceptation de la reddition des comptes fera progresser davantage certains pays et reculer d’autres pendant la période post-Corona.
Les crises majeures constituent généralement un tournant historique pour les nations, leur donnant la possibilité de corriger leurs erreurs et de les considérer comme un nouveau point de départ, pour renouveler son énergie et préparer l’avenir pour les générations futures, et parfois c’est l’inverse qui se produit quand la nation sombre dans plus d’arriération.
La crise actuelle résultant de l’épidémie mondiale du coronavirus va induire un changement majeur dans les conditions nationales et internationales. Il existe deux types de régimes au pouvoir. Le premier type pense à son peuple et agit en gardant l’intérêt de la nation au-dessus de toute autre considération et le deuxième type de régime n’est motivé que par la perpétuation du régime et de son dirigeant qui est ainsi érigé en quasi divinité, même si c’est un despote corrompu .
À cet égard, les dirigeants des pays démocratiques ont accompagné leur peuple, à travers des visites sur le terrain pour voir de près le fonctionnement des institutions, et ont prononcé plusieurs discours aux citoyens, et ont fait tout leur possible pour fournir l’équipement nécessaire au travail, en particulier dans le secteur médical, et pour répondre aux besoins et discuter des stratégies futures même de sauver l’économie du pays. Pourtant, les médias n’ont pas glorifié ces dirigeants mais ils ont a plutôt sondé les opinions des citoyens pour connaître leur degré de satisfaction ou de rejet de l’action des autorités.
Ainsi, les différents médias ont tenu à donner au peuple l’occasion d’évaluer le travail de l’Etat avec toutes ses institutions, ces sondages étant semblables à un scrutin qui juge les décisions du gouvernement. En France, un sondage réalisé par l’institut IPSOS et publié par le journal “La Provence” dimanche dernier a révélé 39% de satisfaction des Français à l’égard de la performance du président Macron, alors que la semaine précédente ce chiffre était de 46%, soit une baisse de sept points.
En Espagne, un sondage d’opinion réalisé par “Metroscopia ” a révélé que 51% des Espagnols étaient insatisfaits du travail du Premier ministre Pedro Sanchez et seulement 39% soutenaient le gouvernement et les autres étaient sans opinion.
Malgré le confinement sanitaire, les pays démocratiques vivent leur activité politique, quoique au minimum: le Premier ministre, ou tout autre ministre, répond aux questions du Parlement, qui sont parfois très dures et l’opposition considère qu’elle remplit son devoir. Le gouvernement n’accuse pas de manque de patriotisme ou de trahison l’opposition ou la presse, qui critique son action ,, mais tente plutôt de réfuter ce qu’il juge inapproprié et s’engage à mettre en œuvre ce qu’il juge logique.
D’un autre côté, le “dirigeant” arabe (à quelques exceptions près) tente de profiter de cette crise pour se présenter comme un envoyé de la part de la providence divine pour sauver le peuple et le pays, et toutes ses décisions deviennent des exploits héroïques, qui méritent les applaudissements et les pétitions de gratitude, comme s’il fournissait des services gratuitement au peuple. Parfois la situation devient caricaturale lorsque certains dirigeants arabes ou leur entourage essaient de convaincre leurs peuples que le monde entier est ébloui par ce qu’ils font.
Alors que la pandémie du Coronavirus requiert unité et unanimité, le dirigeant ou son entourage mobilisent une armée d’insectes numériques qui attaquent, en usant de tous les qualificatifs de la trahison, l’insulte et la diffamation, toute personne qui ose remettre en cause les décisions du chef de l’état . Alors que les pays conscients ont développé des réseaux sociaux pour les utiliser dans le travail à distance et l’enseignement à distance, le dirigeant arabe utilise des réseaux sociaux pour attaquer et insulter les autres. Le phénomène ne se limite pas aux insectes numériques, mais certains intellectuels et journalistes se sont érigés en gendarmes des réseaux sociaux, en approuvant tel ou tel post ou remarque ou en désapprouvant tel autre ,et cette distribution des bonnes et mauvaises notes n’est pas sans rappeler la vente des indulgences au moyen âge par certains hommes d’église. Ces pseudo intellectuels ou pseudo journalistes zélés chercheraient-ils quelques récompenses de la part du pouvoir ?
Ainsi, pour l’après -Corona, les pays démocratiques s’engagent à construire l’État national en rapatriant les industries délocalisées à l’étranger, en développant l’éducation et en augmentant le budget de la santé. Cette pandémie entraîne de profonds changements, notamment le retour de l’État national, notamment au niveau économique. Des pays comme la France, l’Espagne, l’Italie, l’Argentine, la Corée du Sud et la Grèce discutent en profondeur de l’avenir du pays en mettant le doigt sur les faiblesses et la manière de les surmonter.
Le dirigeant arabe continue à scander ses vieux slogans: lui et son entourage ne sont créatifs que pour élaborer les slogans creux , de plus en plus creux, mais ne songent pas à développer une industrie nationale et réduire la dépendance vis-à-vis de l’étranger, car il n’a jamais développé le secteur industriel pour asseoir le développement du pays , et tout ce qu’il a réussi à délocaliser à l’étranger est l’argent pillé, qu’il ne rendra jamais à son peuple .
Le dirigeant arabe ne travaillera pas au développement du secteur de l’enseignement , car d’une part il y voit un danger pour lui, et d’autre part, il a délaissé l’enseignement au secteur privé, comme la santé, après s’être convaincu que l’État devait se désengager de tous les secteurs sociaux, ce qui fait reculer la majorité des pays arabes dans les classements du développement humain réalisé par les Nations Unies.
La pandémie du virus Corona est un véritable jalon dans la marche des nations, dont certaines acquièrent une nouvelle conscience pour réaliser un nouveau décollage grâce à la conscience collective du gouvernement, de l’opposition, de l’élite et de l’opinion publique. Il y a d’autres nations qui ne retiendront pas la leçon, parmi lesquelles les nations arabes. Elles ont connu des tournants historiques majeurs, tels que l’accession à l’indépendance, au milieu du siècle dernier, et elles n’ont pas saisi l’occasion de construire une véritable patrie pour tous, mais se sont transformées en fermes privées pour le tyran et sa cour.
Le printemps arabe est arrivé et l’occasion n’a pas été saisie. Il a plutôt contribué au raidissement de ce qu’on appelle “les dirigeants de la “Coalition Panama” , en référence à ceux qui pillent les biens de leur peuple et les déposent à l’étranger, et voici la pandémie du virus Corona, qui est un nouveau tournant historique, qui bénéficiera aux nations conscientes dirigées par des personnes honnêtes , et non pas aux nations qui souffrent des régimes tyranniques comme le monde arabe.