Israël a exigé que le Maroc accueille le sommet du Néguev afin d’annoncer sa position sur le conflit du Sahara, alors que d’autres données indiquent qu’il préfère attendre la position des pays européens.
En pleine agression israélienne contre Jénine en Cisjordanie, le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a invoqué lundi le dossier du Sahara et la question de la reconnaissance, déclarant à l’agence « Nous travaillons actuellement sur cette question et notre plan est de prendre notre décision finale au Forum du Néguev ». Le sommet du Néguev au Maroc a été reporté pour diverses raisons, y compris les récentes attaques israéliennes.
Un certain nombre de médias internationaux ont interprété cette déclaration comme une exigence d’Israël que le Maroc accueille le sommet du Néguev afin de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara, mais les données obtenues par Al-Quds Al-Arabi auprès de sources proches des relations entre le Maroc et Israël montrent que l’accueil du sommet du Néguev par le Maroc n’est qu’une manœuvre pour éviter de prendre une position claire sur ce dossier, et donc gagner du temps, étant donné que la reconnaissance ne nécessite pas la tenue d’un sommet.
La source poursuit qu’« Israël dit qu’il prendra position, et cela ne signifie pas nécessairement reconnaître la souveraineté du Maroc, car on croyait à la signature des Accords d’Abraham qu’Israël reconnaissait la marocanité du Sahara, et il s’est avéré plus tard que ce n’était pas vrai, Israël et certains acteurs politiques au Maroc ont trompé l’opinion publique en insinuant qu’Israël reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara ». La reconnaissance par Israël de la marocanité du Sahara divise profondément la société marocaine, une première catégorie d’acteurs considère que cette reconnaissance serait une « honte » en vertu du fait qu’une puissance elle-même occupante ne peut pas reconnaître les droits d’un pays comme le Maroc, car la reconnaissance ternirait l’image du Maroc devant la communauté internationale. Une deuxième catégorie considère qu’Israël est influent dans les relations internationales et peut pousser d’autres pays à accélérer le processus de reconnaissance. La seconde catégorie a de l’influence dans les grands secteurs politiques et médiatiques qui mènent une grande opération de propagande.
La deuxième catégorie confirmait la reconnaissance par Israël de la souveraineté du Maroc après la signature de l’accord tripartite en décembre 2020, mais il s’est avéré plus tard qu’il ne s’agissait que d’un mensonge au peuple marocain. Certains membres du gouvernement ou du parlement d’Israël ont multiplié les visites au Maroc et ont parlé de l’imminence de la reconnaissance. Dans son discours de la révolution du « Roi et Peuple » du 20 août 2022, le roi Mohammed VI a demandé à Israël comme « nouvel allié » d’exprimer une position claire sur la souveraineté marocaine. Israël ne l’a pas fait.
Lors de la visite du président de la Knesset Amir Ohana au Maroc le mois dernier, Israël a révélé qu’il déciderait de la question de la reconnaissance et a même déclaré que la reconnaissance était imminente mais un mois plus tard, la déclaration du ministre des Affaires étrangères ramène le sujet à « la case – départ ».
La donnée principale demeure la poursuite des manœuvres d’Israël dans ce dossier, et le fait qu’il évite pour le moment de reconnaître la marocanité du Sahara et commence même à fixer une condition principale, selon les informations recueillies par Al-Quds Al-Arabi ainsi que par le journal Haaretz qui a rapporté en mai dernier qu’Israël reconnaîtra la marocanité du Sahara lorsque les pays européens reconnaîtront la souveraineté du Maroc sur cette région.