Editorial: Il est temps que la plus grande fête nationale au Maroc devienne la fête de l’indépendance au lieu de la fête du trône

Les Marocains ne possèdent pas, à l’instar des autres nations, une vraie fête nationale, tant que l’Etat ne veut pas célébrer comme il se doit le jour de l’indépendance du18 novembre en tant que fête nationale et continue de considérer le jour de  la fête du trône comme la plus importante des occasions nationales

Le jour de la fête nationale est en principe une occasion de fierté et de renforcement du sentiment national puisqu’il incarne une date qui commémore un évènement qui a rassemblé les composantes de la nation, comme les victoires contre un ennemi étranger, c’est aussi une bonne occasion pour méditer les réalisations de la nation et réfléchir ensemble aux efforts qui lui restent à accomplir pour s’assurer une bonne place parmi les nations du monde. C’est pour cela que toutes les nations du monde, sauf le Maroc,  tiennent à célébrer une fois par an un jour national

L’Etat Marocain a délibérément marginalisé le jour de l’indépendance au profit de la fête du trône, ce qui constitue une grande contradiction, puisque le jour de la fête nationale pour tous les pays a une date fixe dans l’année, alors que la fête du trône change en fonction des dates d’intronisation des rois successifs. Le Maroc est peut être le seul pays au monde ont les ambassades à l’étranger célèbrent la fête du trône et non pas la fête de l’indépendance, en l’absence d’un jour de fete nationale fixe et l’existence d’autres fêtes dites nationales comme la fête de la marche verte, la fête du trône et la fête de la révolution du roi et du peuple.

Les Emirats Arabes Unis, dont le régime est une monarchie princière, célèbre sa fête nationale chaque 2 décembre qui commémore l’union entre les sept émirats  en 1971 pour constituer l’état de émirats., alors que le royaume d’Arabie Saoudite célèbre sa fête nationale le 23 septembre, date qui ne correspond à l’intronisation d’aucun roi mais à la transformation du royaume du Nejd et du Hedjaz en royaume d’Arabie Saoudite en 1932. Par ailleurs, dans la monarchie britannique, qui est aussi multi séculaire que celle du Maroc, le jour de la fête nationale est fixé au 23 avril de chaque année.

 Si nous passons aux régimes républicains, nous trouvons que la France célèbre le 14 juillet  de chaque année la prise de la prison de la Bastille par les révolutionnaires de l’époque, évènement qui a achevé  l’ère du régime français de la  monarchie absolue, lors qu’aux Etas Unis, la fête nationale commémore le  4 juillet 1776, date d’indépendance par rapport à l’Angleterre. De son  coté l’Algérie a choisi le 2 novembre qui correspond au déclenchement de la révolution qui a conduit à l’indépendance du pays.

Au Maroc, la logique nationale et historique voudrait que le jour de l’indépendance  vis-à-vis de la France  devienne le jour de la vraie fête nationale,  et que cette fête soit marquée par des festivités et des défilés militaires et que ce jour  devienne plus important que la fête du trône, parce que c’est l’indépendance  qui unit le peuple et le régime , sans pour autant diminuer la symbolique de la fête du trône. En effet, l’intronisation d’un roi en particulier ne mérité pas d’être érigée en fête nationale pour les raisons suivantes :

–     D’abord, les rois passent et la patrie demeure, par conséquent il ne faut pas choisir une occasion  instable et changeante par nature.

–     Mettre en avant la fête du trône contredit la devise du pays (Dieu, le Patrie, le Roi), où la Patrie arrive avant le Roi, il est par conséquent plus légitime de choisir une occasion historique qui incarne la Patrie entière ce qui est le cas de la date de l’indépendance.

   – En troisième lieu, il est illogique d’ancrer la fête du trône  comme une tradition  dans l’histoire du pays et son avenir. Imaginons qu’un jour on se trouve en présence d’un roi dont les agissements ne sont pas à la hauteur des aspirations de son peuple, faut –il pour autant laisser sa date d’intronisation devenir la fête nationale du  pays ? Imaginons que le marocains célèbrent la fête du trône lors de l’époque du sultan Abdulaziz, qui était un roi frivole, célébrer son intronisation aurait été  un acte dénué de sérieux et aurait constitué une insulte à tout un peuple.

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