La presse marocaine a évoqué récemment l’affaire de l’acquisition présumée par le trésorier général du royaume, Noureddine Bensouda, et de certains membres de sa famille, d’un lot de terrain à Marrakech, qui fait partie des biens du peuple marocain, et ce d’une façon qui n’est pas claire ni licite, aussi bien au niveau de la façon de conclure la transaction qu’ au niveau du prix pratiqué.
Bien que la presse marocaine ait abordé ce dossier, le responsable concerné n’a pas jugé utile de s’exprimer publiquement pour apporter les éclaircissements nécessaires, surtout qu’il s’agit de l’homme qui a en charge la gestion du trésor public et qui devrait à ce titre se précipiter pour dissiper les doutes et les soupçons qui entourent l’affaire.
Un groupe de citoyens a décidé de porter une plainte aux tribunaux de Marrakech, exigeant l’ouverture d’une enquête, mais on ne sait pas pour le moment quelle suite a été réservée à cette plainte. Par ailleurs, certains députés essayent d’aborder le sujet au sein du Parlement, mais sans succès jusqu’à présent. Devant ce silence officiel, il est important de mettre en relief les faits suivants :
– Qu’a fait le service de lutte contre la criminalité financière dépendant de la police judiciaire de Marrakech, puisqu’il s’agirait d’un contournement présumé de la loi pour obtenir un enrichissement illicite ?
Dans le même temps, est ce que le ministère public a décidé d’ouvrir une investigation judiciaire sur la manière dont la transaction a été effectuée, sachant que le parquet est sensé travailler en toute indépendance et agir pour protéger le peuple marocain contre toute forme de criminalité ?
Ce dossier comporte des éléments d’ordre criminel : C’est l’abus du pouvoir d’une fonction officielle pour s’accaparer la propriété d’un bien du peuple en achetant un terrain à un tarif inférieur au prix du marché de l’immobilier et générer pour la caisse de l’Etat un important manque à gagner tout en encourageant par la même occasion d’autres actes de grande corruption.
À moins que la police et l’appareil judiciaire assument leur devoir, il devient de la responsabilité constitutionnelle du chef du gouvernement de sortir de son silence et s’il ne le fait pas la responsabilité directe du roi Mohamed VI devient engagée, puisque c’est lui qui est constitutionnellement chargé de préserver les biens du peuple et de la patrie, il doit alors donner ses instructions pour l’ouverture d’une investigation judiciaire et s’il s’avère que des violations de la loi ont été enregistrées et que tout l’appareil de l’Etat demeure silencieux, il devient du droit des militants de la société civile de s’adresser à la justice internationale pour soumettre le dossier et essayer d’obtenir justice.
Le peuple a souffert de l’existence d’une mafia organisée qui opère des holdups sur les biens du peuple et qui le traite par le mépris et se permet de se partager les biens du pays comme dans le cas de l’affaire dite des « serviteurs de l’Etat » , en réalité des sécuritaires et des responsables politiques, qui ont acquis pour un prix symbolique des lots de terrain pour villas à Rabat.
Durant le prochain mois, des négociations entre le Maroc et le Front Polisario vont se tenir à propos de l’avenir du Sahara occidental, et à cette occasion il est légitime de se demander s’il est possible pour la partie marocaine de convaincre les adversaires de l’unité territoriale de réintégrer le pays alors qu’il connait encore des pratiques coloniales par l’accaparement de lots de terrains par des responsables de l’Etat de manière très illicite ?
A travers l’histoire, beaucoup de Marocains ont sacrifié leur vie pour défendre leur patrie et beaucoup de familles ont perdu leur principal soutien dans des guerres, y compris au Sahara et des milliers de soldats se sont trouvés prisonniers. Par conséquent le meilleur hommage qui puisse leur être rendu consiste à préserver les biens du peuple Marocain. Celui qui a, de part la Constitution, la responsabilité de préserver ces biens devrait agir à partir d’une sens patriotique et agir pour l’ouverture d’une enquête judiciaire transparente dans ce dossier et d’autres dossiers tout aussi graves .
-La restauration du prestige de l’Etat ne se reflète pas dans l’intimidation des personnes, mais dans la lutte contre la corruption, ce qui permet de poser cette question: « Les hauts fonctionnaires et hauts responsables de l’Etat ont-ils encore un brin de conscience ou non ? »