L’opinion publique marocaine n’a pas été surprise d’apprendre que les compagnies de distribution de carburants ont engrangé en une seule année la coquette somme de 21 milliards de dirhams de bénéfices nets et non pas seulement 17 milliards, comme cela avait été annonce depuis le début de l’opération boycott de trois marques commerciales (le lait de la Centrale Laitière, les eaux minérales Sidi Ali et les stations d’essence Afriquia) mais cette opinion publique elle a plus été surprise et choquée par l’attitude silencieuse de l’Etat Marocain qui n’a annoncé aucune mesure pour récupérer ne serait ce qu’une portion de cette somme gigantesque malgré son caractère criminel, ce qui pose la question fondamentale de savoir quelle est la nature de la vision des responsables dans ce pays lorsqu’il s’agit de défendre les interets du peuple et de la nation.
Dans le climat de ce boycott décidé et appliqué par le peuple marocain et qui risque dans les prochaines semaines de s’étendre à d’autres produits et marques, en tant que nouvelle forme de protestation, d’autre dossiers qui sentent mauvais ont commencé à poindre leur nez , dont celui soulevé par le rapport de la Commission d’enquête parlementaire qui a abouti au chiffre de 21 milliards de dhs de bénéfices chez les compagnies pétrolières et conclu que ce secteur , au lieu de vivre une concurrence entre ses opérateurs, est plutôt régi par une conspiration de ces mêmes sociétés du secteur pour l’établissement concerté des tarifs après la libéralisation des prix.
La libéralisation des prix été vendue par l’État aux citoyens comme une clé magique aqui devait aboutir à la baisse des prix pour les citoyens-consommateurs et l’entrée de l’économie Marocaine dans une nouvelle phase de libéralisme sophistiqué. Ce qui est arrivé une fois la libéralisation mise en œuvre était à l’opposé, car l’État marocain a laissé à ces entreprises tout le loisir de contrôler les prix selon un schéma de concertation digne des cartels les plus criminels et les plus mafieux. La différence avec la mafia est que cette dernière opère en dehors de la loi alors que notre cartel national agit et se remplit les poches conformément à la loi et au nez et à la barbe d’un conseil de la concurrence gelé et paralysé puisqu’il vit dans l’attente interminable du renouvellement de ses membres.
Le silence des pouvoirs publics est plus que suspect et douteux et fait de l’appareil de l’Etat un partenaire dans ce complot qui atteint le niveau de criminalité organisée. C’est un silence va à l’encontre des slogans affichés à cor et à cri par les responsables à propos de leur efforts pour défendre les intérêts du peuple et de la patrie, sachant que ce sont les memes responsables qui ont approuvé les avantages indus octroyés par l’Etat ( sous forme de terrains pour villas à des prix très inférieurs à ceux du marché foncier) dans le contexte de ce qui est appelé la récompense des serviteurs de l’Etat, laquelle récompense relève du vol qualifié.
Pour situer ce chiffre à sa bonne échelle rappelons que le budget général de fonctionnement de l’Etat au titre de l’année 2018 s’élève à la somme de 196 milliards de dirhams alors que le budget d’investissement global est de 114 milliards de dhs.
La somme de 21 milliards de dhs est de nature à financer des dizaines d’hopitaux ( le budget d’investissement du ministère de la santé en 2018 se monte à 4,5 milliards de dhs), de régler une bonne partie des problèmes de l’enseignement et de financer plein de projets pouvant donner du travail à des milliers de jeunes dont certains préfèrent le chemin de l’émigration clandestine et prendre pour cela le risque de se noyer en haute mer. Cette somme pourrait aussi servir à sauver des jeunes femmes marocaines de l’esclavage sexuel auquel elles font face lorsqu’elles vont chercher du travail dans le sud de l’Espagne, ou dans les pays du Golfe. La somme pourrait financer l’achat d’un escadron d’avions militaires F-16 de nature à atteindre l’équilibre des forces avec l’Algérie.
A la lumière de ce qui précède il devient légitime de s’interroger sur la raison du silence complice de cet État concernant le vol des biens du peuple et de la patrie et sur la vraie nature et la vocation des institutions qui meublent le champ politique,. Ce constat donne encore plus de la légitimité juridique et morale au mouvement de boycott qui ne manquera pas de toucher d’autres secteurs.