Pour le Maroc, l’Espagne constitue naturellement la porte d’accès vers l’Europe dans des secteurs divers et variés. Ce lien condamne le nord du Maroc à un retard relatif par rapport à l’ouverture des autres régions du Maroc comme celles de l’axe Kenitra- Agadir en passant par Rabat, Casablanca, Fes et Marrakech dont les pôles économiques ont des relations qui dépassent la France pour aller plus loin vers l’Allemagne ou l’Italie et la Grande-Bretagne.
Malgré la situation géographique importante du nord du Maroc, cette région allant d’Al Hoceima jusqu’à Tétouan demeure celle qui a le moins de relations avec des acteurs économiques européens. Cela est du au pari historique sur l’Espagne comme partenaire économique et culturel privilégié et quasi unique.
Mais les données font ressortir une réalité différente : l’Espagne a pratiquement fermé la porte d’accès à ses universités aux étudiants du nord du Maroc en adoptant une politique de visa aux objectifs bien ambigus.
Comme le nord du Maroc a peu de relations avec les autres pays d’Europe, tels que le Portugal, l’Allemagne et l’Italie, cette région est devenue celle qui a le moins d’étudiants dans les universités espagnoles. Loin derrière les régions de Casablanca, Rabat, Fes et Marrakech.
Ce déficit d’ouverture à l’extérieur aura pour conséquence un déficit de cadres pour la région du Nord du Maroc ce qui se traduit négativement au niveau de son développement à moyen et long terme
Dans le même temps, malgré les progrès des relations économiques marocaines au cours des cinq dernières années ayant pour conséquence que l’Espagne est devenue le premier partenaire commercial du Maroc devant la France , la part des exportations du nord du Maroc vers l’Espagne reste marginale comparée au reste des régions du pays.
Cela est dû à deux principales raisons, la première est que l’Espagne parie sur l’investissement dans le reste du Maroc sans le Nord, et dans le même temps, les patrons des petites et moyennes entreprises du Nord du Maroc rencontrent des difficultés pour obtenir le visa leur permettant de se rendre aux foires et salons espagnols pour exposer leurs produits et services.
L’ironie que l’Espagne participe à des réunions économiques avec les autres régions du Maroc et se contente, dans le cas du nord du Maroc, de rencontres économiques protocolaires ou de financer des manifestations culturelles à l’impact fort limité afin de justifier les dépenses de l’aide européenne et faire semblant de promouvoir la coopération trans-frontières.
L’Espagne a abandonné sa politique d’aider le développement du Nord du Maroc et s’est délestée de l’esprit de coopération qui á commencé à émerger dans les années 1990, pour s’acheminer vers une politique vague et ambigüe et ses representations diplomatiques dans le nord du Maroc ont adopté les thèses de Canovas del Castillo au de celles plus humanistes de Blas Infante. Il serait utile que les consulats espagnols au Nord du Maroc ( Tetouan et Nador) déclarent le nombre annuel des visas délivrés aux hommes d’affaires marocains pour développer leurs relations d’affaires avec des entreprises espagnoles ainsi que le nombre de visa de séjour délivrés aux étudiants marocains désireux de poursuivre des études universitaires en Espagne. Avec ces données nous serons bien éclairés .
Les données disponibles montrent que ce serait une erreur pour le nord du Maroc de continuer à miser sur la coopération économique avec l’Espagne pour atteindre un bon niveau de développement. Bien au contraire, cette perspective va faire plonger la région dans les difficultés liées à l’émigration, le trafic de drogue et la contrebande alors qu’il y a des horizons plus prometteurs que l’Espagne à savoir le Portugal, l’Italie et la Grande Bretagne que les élites politiques, professionnelles et de la société civile feraient bien d’explorer pour le bien de la région.