L’Occident déclare la lutte contre la migration irrégulière, tout en drainant de manière massive les cadres des pays émergents et des pays classés comme appartenant au tiers monde. Ce phénomène est inquiétant, d’autant plus que les pays pauvres ont investi beaucoup d’argent dans la formation de ces cadres, y compris des fonds provenant de prêts d’institutions internationales. Cette situation préoccupante nécessite des mesures pour faire face à ce phénomène, telles que l’indemnisation des pays d’origine de ces cadres.
Dans la pratique, depuis une trentaine d’années, la question de la migration, notamment dans sa partie informelle, illégale ou clandestine, est présente dans divers médias internationaux. La presse européenne et arabe nous raconte quotidiennement les tragédies migratoires en Méditerranée, ainsi que les souffrances des Africains aux frontières entre le Sahel et les pays du Maghreb, comme cela se passe actuellement en Tunisie et avant elle au Maroc et en Algérie, et ce type de tragédies se sont produites même au niveau de la Manche avec le naufrage de bateaux qui partent des côtes françaises vers la Grande-Bretagne. À l’autre bout du monde, on parle de caravanes migratoires quotidiennes des pays d’Amérique latine vers les États-Unis, ainsi que de migrations de l’Asie du Sud-Est vers l’Australie.
L’immigration a contribué à un changement politique majeur dans les pays occidentaux, car l’émergence de l’extrême droite nationaliste dans divers pays européens ne peut être comprise que par l’utilisation du thème du « risque migratoire » sur l’identité des pays européens. L’émergence de l’ancien président américain Donald Trump ne peut pas non plus être comprise en dehors de la vision négative des nationalistes blancs américains envers l’immigration latine, principalement mexicaine. Trump et ses partisans sont inspirés par le livre « Who Are We ? », du penseur géopolitique Samuel Huntington, qui a mis en garde contre les risques sociaux et politiques si l’immigration latino-américaine atteignait 25% de la population américaine. En ce qui concerne la migration, il y a une marginalisation par les médias d’une migration d’un autre type, à savoir le déplacement de citoyens de pays du tiers monde, car les Européens se plaignent des personnes venant d’Irak, d’Afghanistan et de Syrie, entre autres pays, tandis que des pays comme la Turquie et le Liban ont accueilli des millions de migrants.
Le plus grande « oubli » dans le discours sur la migration est le manque d’attention portée à la migration des cadres hautement qualifiés et de la main-d’œuvre du tiers monde vers l’Occident et ses conséquences négatives importantes sur les pays d’origine. En fait, il s’agit d’un processus d’attraction quasi-forcée pour deux raisons :
En premier lieu, les pays occidentaux exercent des tentations pour attirer des ingénieurs, des médecins de diverses spécialités et des professeurs d’université, offrant des salaires plusieurs fois plus élevés que ceux du pays d’origine.
Deuxièmement, les cadres et les travailleurs hautement qualifiés appartiennent à l’élite et l’élite a besoin de liberté pour innover chez elle, mais de nombreux pays du tiers monde manquent de liberté ou ont vu la démocratie décliner ces dernières années, surtout après la pandémie. L’élite a également des aspirations dans son domaine de compétence, tandis que les critères de la compétence et de l’efficacité dans le travail sont souvent absents puisque ce sont les considérations de clientélisme, de parenté familiale ou de la proximité du pouvoir qui dictent les décisions de promotion, en plus de la capacité à devenir un porte-parole de l’actionnaire, du dirigeant ou dues autorités. Il existe de nombreux exemples à cet égard, y compris dans les pays du Maghreb. S’attaquer à ces déséquilibres (Le clientélisme) nécessitera beaucoup de temps et dépendra des luttes des peuples. Le cas est différent pour l’autre cause (manque de liberté) : en effet, des pays non démocratiques comme l’Iran et des pays semi-démocratiques comme la Turquie ont réussi à progresser en maintenant leurs cadres et en évitant leur migration à l’étranger.
À cet égard, l’attirance par les pays occidentaux des cadres du tiers monde peut être considérée comme un acte immoral, politiquement et moralement, car elle pèse sur les capacités des pays du tiers monde et entraîne un surplus de leur destruction. Par exemple, l’Occident s’efforce d’attirer des médecins, ce qui a pour résultat que plusieurs hôpitaux du monde se retrouvent sans médecins et conduit parfois à la mort de nombreuses personnes en raison de la pénurie du personnel médical. La France et le Canada ont attiré des milliers de médecins du Maroc et d’Algérie et, ces dernières années, des ingénieurs en informatique et en programmation logicielle.
Dans le même temps, les pays pauvres ont emprunté de l’argent auprès d’institutions financières internationales dominées par l’Occident, telles que le FMI ou la Banque mondiale, pour former une génération de cadres, et ces emprunts pèsent sur les finances des pays pauvres. Finalement, l’Occident arrive et attire gratuitement des médecins, des ingénieurs et de la main-d’œuvre hautement qualifiée. C’est de la piraterie dans tous les sens du terme. Dans le passé, l’Occident a colonisé une grande partie du tiers monde et volé et pillé ses ressources naturelles (et en contrôle encore une partie de diverses manières, comme le pétrole, l’or et l’uranium) et a entravé le développement naturel de ces pays. Il coopte maintenant des cadres dans une nouvelle opération de pillage en entravant la croissance naturelle de ces pays.
À cet égard, de manière pragmatique, les pays pauvres devraient exiger que l’Occident compense ce pillage des ressources intellectuelles, que ce soit en versant une compensation directe, ou en révisant les taux d’intérêt des prêts ou en annulant complètement certains prêts. Dans le même temps, il est nécessaire de rechercher des mécanismes pour freiner cette migration qualitative, car elle revient à entraver le développement de nombreux pays qui cherchent à sortir de la situation difficile de la pauvreté et du sous-développement.