Au cours des deux dernières décennies, l’influence de la France en Afrique francophone, y compris dans la région du Maghreb, a chuté. Ce déclin a commencé sous la présidence de Nicolas Sarkozy en raison de sa politique arrogante dans ses relations avec les chefs d’État africains, notant qu’il avait irrité plusieurs dirigeants africains, ainsi que l’opinion publique, lorsqu’il était ministre de l’intérieur du gouvernement français et qu’il avait avancé des propositions provocatrices pour lutter contre l’immigration clandestine du continent africain vers l’UE.
Sous l’ère du président socialiste François Hollande, les relations entre la France et l’Afrique francophone ont connu un moment de répit, mais elles se sont dégradées sous l’actuel président Emmanuel Macron. Et si les relations de la France avec des pays comme le Maroc et l’Algérie sont en crise ouverte depuis trois ans, parce que ces deux pays sont quasiment indépendants dans leurs décisions politiques et diplomatiques, la question se pose différemment avec les pays africains qui cherchent un “parrain” dans les relations internationales et le trouvent en Chine, en Russie et, relativement, en Turquie.
Le développement d’une démocratie relativement acceptable dans certains pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, suivi plus récemment de coups d’État militaires dans des pays tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a entraîné un changement de discours à l’égard de la France. L’analyse des déclarations des responsables africains montre que ce discours repose sur deux piliers : le premier est la nécessité de réduire la présence des entreprises françaises dans la région, pour des raisons d’exploitation plutôt que d’intérêt mutuel. Le second est la volonté de ces pays de prendre des décisions politiques indépendantes, loin de l’influence de Paris. Washington a pris note de l’affaiblissement de l’influence de la France lorsque ces pays africains ont rejeté la demande de Paris de voter contre la Russie aux Nations unies à propos de la guerre en Ukraine. Le journal en ligne Maliweb a récemment publié une analyse selon laquelle “après le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, le Niger arrose la fête pour l’Occident”.
Alors que l’influence française déclinait, la Chine, la Russie et la Turquie ont commencé à renforcer leur influence en Afrique, en particulier dans ce qu’il est convenu d’appeler l'”Afrique francophone”. Au cours des deux dernières années, le président Macron n’a pas hésité à accuser Moscou et Ankara, ainsi que Pékin, d’être hostiles à la présence française sur le continent.
Ce qui s’est passé au Mali, au Burkina Faso et maintenant au Niger depuis le coup d’État militaire du 23 juillet 2023 est considéré comme un exemple majeur du déclin de l’influence de la France. D’une part, la France a consacré des efforts à l’élimination des mouvements terroristes armés au Mali dans le cadre de l’opération “Barkhane”, alors le Mali acusse Paris mantenaint de fomenter le terrorisme dans la region. Et d’autre part, le Niger est considéré comme vital pour les centrales nucléaires françaises en raison de l’uranium qu’il produit, et maintenant Paris est en train de perdre ce pays au profit de la Russie et de la Chine.
Les pays africains francophones adoptent une politique similaire à celle des États-Unis en Amérique latine. Depuis le début des années 1990, avec le Printemps latin de la démocratie et le déclin des gouvernements militaires dans des pays comme le Chili, l’Argentine et le Brésil, et la montée de la gauche au pouvoir dans des pays comme le Venezuela, ces pays ont commencé à demander des comptes à Washington pour son soutien passé aux régimes dictatoriaux et aux coups d’État dont la région a été le théâtre au cours des décennies précédentes. Dans le même temps, des relations solides sont nouées avec des pays tels que la Russie et la Chine, au point que cette dernière est devenue un partenaire commercial et économique important pour la plupart des pays de la région.
La différence entre les États-Unis et la France reste que les pays d’Amérique latine critiquent Washington pour son rôle dans le soutien aux dictateurs et l’exploitation des ressources de la région. Dans le cas de la France, les Africains reprochent à Paris son soutien aux dictateurs et l’exploitation atroce des ressources de la région, ainsi que les crimes liés à l’ère coloniale française.