L’Espagne célèbre des élections législatives dimanche prochain, des élections d’une grande importance au cours des trois dernières décennies, et l’un des thèmes les plus importants est la possibilité de la participation du parti Vox d’extrême droite au prochain gouvernement, ce qui fera entrer les relations maroco-espagnoles dans une nouvelle phase.
Comme d’autres pays européens, l’Espagne a vu l’incursion du courant nationaliste d’extrême droite dans l’arène politique au cours de la dernière décennie, qui s’est manifestée dans le parti Vox, fondé en 2014 et occupant désormais entre la troisième et la quatrième force politique du pays. Il pourrait devenir encore plus important car il a toutes les chances de participer au prochain gouvernement si le Parti Populaire conservateur n’obtient pas la majorité absolue, ce qui est fort possible, et donc il sera contraint de s’allier avec Vox pour former le gouvernement. Des signes dans ce sens sont apparus après que les deux partis se sont alliés pour former des gouvernements locaux autonomes en Espagne et certains conseils municipaux dans lesquels le PP n’a pas obtenu la majorité absolue. En mai dernier, l’Espagne a connu des élections municipales et d’autres pour choisir les gouvernements régionaux dans certaines régions autonomes, et le Parti socialiste a été battu, et a appelé à la tenue d’élections législatives anticipées dimanche prochain.
Si le précédent scrutin a vu pour la première fois la victoire d’une coalition gouvernementale de gauche composée du Parti socialiste, parti traditionnel modéré, avec le parti Podemos issu de la gauche radicale, ce scrutin de dimanche prochain, selon les sondages d’opinion, pourrait conduire à une coalition inverse, à savoir une coalition de droite entre le Parti populaire et Vox. Les sondages d’opinion indiquent une probable victoire de la droite aux élections de dimanche.
Le programme de Vox inquiète les autorités marocaines ainsi que la communauté marocaine vivant en Espagne en raison du contenu de son programme électoral, puis de son histoire depuis sa création en 2014, ce qui rend son impact négatif sur les intérêts marocains s’il participe au prochain gouvernement.
A l’image des autres partis ultranationalistes européens, Vox fonde une grande partie de son discours sur la chasse des migrants du sud, principalement les Marocains. À cet égard, il rejette ce qu’on appelle « multiculturalisme » ou « la diversité culturelle», exige ’intégration des immigrants au sein de la culture espagnole dominante. Ce parti n’hésite pas à rappeler ce qu’il appelle les gloires de la reine Isabelle la catholique qui a mis fin à la domination musulmane en Espagne comme une source de fierté, et Vox propose même de faire de la date du 2 janvier un jour de fête nationale espagnole, qui commémore la chute de Grenade en 1492.
Il n’hésite pas à revendiquer l’usage des navires de guerre pour protéger les côtes espagnoles des bateaux de migrants en provenance du Maroc, d’Algérie et de Mauritanie, que ce soit en Méditerranée ou dans les îles Canaries dans l’Atlantique. Dans le même temps, il soutient que de hauts murs doivent être construits autour des villes occupées de Ceuta et Melilla pour rendre très difficile l’escalade de ces frontières. EN réalité, il y a des clôtures électrifiées mais ce parti défend l’idée de clôtures physiques comme le mur de Berlin.
En ce qui concerne la sécurité nationale du pays, il appelle à s’engager dans la politique atlantique des États-Unis et à convaincre l’Occident, en particulier l’OTAN, de la nécessité d’inclure Ceuta et Melilla dans l’espace de cette alliance (l’OTAN). Il accuse le Maroc de harceler les deux villes et rejette la politique de « clémence » du gouvernement actuel de Madrid, qui selon lui ne réagit pas de manière ferme à la politique marocaine.
Dans le volet économique de son programme électoral, le parti Vox suggère la nécessité d’imposer des droits de douane sur les exportations agricoles marocaines vers le marché espagnol parce qu’ils « frappent l’agriculteur espagnol ». Fox appuie toutes les initiatives au Parlement espagnol et au Parlement européen qui visent à saper les exportations marocaines.
Bien qu’il ait été l’un des critiques les plus féroces du Premier ministre Pedro Sánchez lorsqu’il a envoyé une lettre au roi du Maroc Mohammed VI où il apporte son appui au plan d’autonomie proposé par le Maroc, et qu’il ait considéré que cette initiative contraire aux intérêts de Ceuta et Melilla, il ne mentionne pas du tout dans son programme électoral le conflit du Sahara.
Le parti deviendra probablement très pragmatique s’il entre dans un gouvernement de coalition de droite et pourrait adoucir un peu son discours , mais sa politique en matière d’immigration demeure une source de préoccupation majeure pour la communauté marocaine et d’autres communautés des pays du sud.
Lundi, la première chaine de TV a publié un résumé de plusieurs sondages d’opinion, donnant au Parti populaire conservateur de l’opposition 34% des intentions de vote, suivi du parti socialiste de gauche (28%) et ensuite du parti ultranationaliste VOX en troisième position avec près de 13% des intentions. Le parti de gauche radicale de Sumar a obtenu 13%. Ainsi, la coalition de droite disposerait de la majorité absolue.
Il reste à voir les vrais résultats dimanche prochain pour connaitre le vainqueur final de la compétition électorale.