La France traverse une phase délicate de son histoire au cours des dernières décennies, peut-être la plus dangereuse après le soulèvement de mai 1968, car elle s’accompagne du recul de son influence à l’étranger, notamment sur le continent africain, en plus de la désintégration de la société à la suite de politiques socio-économiques qui se traduisent par des protestations très intenses.
Depuis quelques jours, la France est dans les médias internationaux en raison des violentes manifestations qui ont lieu après le meurtre d’un jeune Français d’origine algérienne, Nahel, par un agent de sécurité. Le meurtre ne s’est avéré justifié que par la prédominance d’une violence institutionnalisée en matière de sécurité, semblable à ce qui se passe aux États-Unis d’Amérique.
La violente manifestation, qui a touché des dizaines de villes et dépassé les capacités de la police, ce qui pourrait nécessiter la perspective d’une intervention de l’armée, est le troisième tournant politique, social et économique grave auquel la France a été confrontée au cours des cinq dernières années.
Le premier tournant s’est produit avec les manifestations des gilets jaunes, un groupe social qui subit les contrecoups de l’application du libéralisme sauvage dans un pays habitué à de bons services sociaux. Certaines villes de France, notamment la capitale, Paris, ressemblaient parfois plus à un théâtre de guerre qu’à une capitale de la mode.
Cela a été suivi au cours des derniers mois par des protestations contre la réforme des retraites – augmentation de l’âge de départ à la retraite-et la protestation a provoqué la paralysie presque totale de la vie politique et sociale dans tout le pays. Ces protestations ont été causées par un libéralisme sauvage, selon les données syndicales et selon un certain nombre d’analystes.
Cependant, la situation diffère avec la troisième vague de manifestations qui secoue la France en ce moment, puisque l’origine fut l’assassinat d’un jeune maghrébin nommé Nael mardi dernier de manière injustifiée par la police lors d’un contrôle routier. Beaucoup de personnes en France croient en la transformation de la police de ce pays européen en une police similaire à l’américaine, car elle ne se soucie plus de la vie des jeunes pendant ses interventions. Une partie des couches de la société française issues de l’immigration, notamment des pays ayant subi le colonialisme français, estiment que le destin tragique du jeune homme, Nael, est un symbole du traitement injuste de la police envers les deuxième et troisième générations , c’est-à-dire les descendants et enfants d’immigrés des pays d’Afrique du Nord, mais aussi des pays du Sahel ou d’Afrique de l’Ouest. Ainsi, les Maures français sont devenus comme les Afro-Américains pour la police américaine.
L’État profond français n’a pas été surpris par ces développements négatifs, puisqu’il a averti il il y a quelques jours d’une expansion des troubles dans toute la France. Ce n’est pas nouveau dans les rapports du renseignement français, qui a établi un rapport similaire en janvier dernier à propos de sa vision de la situation sociale et politique interne en France en 2023. Le renseignement a prédit une forte mobilisation populaire qui pourrait conduire à une explosion du champ social. Il attribue cela à la baisse du pouvoir d’achat, à la hausse des prix de l’énergie et aux graves répercussions sur les activités commerciales et artisanales, ainsi qu’au projet gouvernemental de réforme du système de retraite. Les prévisions des services de renseignement français se sont avérées justes et maintenant ils ont eu raison sur les dimensions socialement dangereuses qui résultaient du meurtre du jeune Nael.
Outre la désintégration de la société française, la France a commencé à perdre rapidement son influence à l’étranger, selon les analyses de grands journaux comme Le Monde ou les rapports de groupes de réflexion stratégiques comme l’IFRI. La France a subi deux coups au cours des trois dernières années, la première de ses partenaires occidentaux lorsque Washington l’a exclue de l’alliance EUCAS et s’est arrogé le contrat de fourniture de sous-marins pour l’Australie. La deuxième coup est intervenu après le déclin de ses relations avec ses anciennes colonies, dont les pays du Maghreb arabe, puis l’expulsion de ses soldats de la région du Sahel, notamment du Mali.
Un certain nombre d’experts considéraient au début de la présidence d’Emmanuel Macron qu’il pourrait être l’homme politique qui conduirait la nouvelle génération vers une nouvelle France, mais toutes les données indiquent qu’il travaille à promouvoir le libéralisme sauvage dans un pays qui sanctifie le secteur public, qui fait que le pays se transforme en poudrière qui explose à chaque incident politique, social ou diplomatique.