Un certain nombre de pays œuvrent à normaliser leurs relations avec l’Iran, en particulier les États-Unis et l’Arabie saoudite, et le Maroc pourrait demeurer le seul pays arabe et islamique qui pourrait rester dans un état de rupture avec l’Iran après que l’Égypte ait indiqué la possibilité d’échanger des ambassadeurs avec Téhéran avant la fin de cette année.
Les relations arabes avec l’Iran ont été tendues ces dernières années en raison de la diffusion supposée du chiisme et de l’ingérence dans un certain nombre de pays tels que la Syrie et le Liban, et particulièrement son ingérence dans la guerre au Yémen, où Téhéran est accusé d’utiliser le mouvement Houthi pour mener la guerre en son nom.
L’Arabie saoudite et l’Iran ont signé un accord de réconciliation grâce à la médiation chinoise, et cette reprise des relations pourrait évoluer vers une coopération militaire afin de sécuriser la navigation dans le golfe Persique. Les signes d’une future coopération étroite entre Téhéran et Riyad pour la paix dans la région sont de plus en plus visibles. L’Egypte pourrait également rétablir les relations avant la fin de cette année, et peut-être même la fin de cet été, car Le Caire ne veut pas rester en marge des développements au Moyen-Orient, en particulier après le retour de la Syrie dans la Ligue arabe.
En revanche, le Maroc reste le seul pays arabe et musulman qui n’a émis aucun signe de volonté de normalisation des relations avec l’Iran. L’initiative de l’Iran a été exprimée par la déclaration jeudi du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdoullahian selon laquelle son pays souhaitait rétablir les relations avec divers pays, dont l’Egypte et le Maroc.
Le Maroc a développé un discours contre l’Iran basé sur la mise en garde contre son infiltration en Afrique du Nord et de l’Ouest, puis son assistance au Front Polisario. Le Maroc s’est montré solidaire des États du Golfe dans leur conflit avec l’Iran, que ce soit dans la guerre au Yémen ou dans la crise entre le Bahreïn et l’Iran. Les États du Golfe se sont engagés dans la reprise des relations avec l’Iran sans tenir compte de la rhétorique du Maroc. Il semble que le scénario de la Syrie se répète, Rabat ayant exigé de conditionner le retour de la Syrie par son engagement de ne pas s’opposer au Maroc dans le dossier du Sahara, mais les Etats arabes du Golfe n’ont pas tenu compte de cette condition.
Le Maroc est maintenant confronté à un autre défi, qui est de voir comment se déroule le processus de normalisation entre l’Iran et l’Occident, en particulier les États-Unis, préoccupés par le dossier nucléaire, alors que cet Occident ne se soucie pas des préoccupations du Maroc sur le rôle supposé de l’Iran en Afrique du Nord et de l’Ouest. À cet égard, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a reconnu mercredi de la semaine dernière qu’il y avait des pourparlers indirects entre Washington et Téhéran. Tout indique que ces pourparlers existent depuis des mois avec la médiation du Sultanat d’Oman.
En cherchant l’apaisement, l’Iran semble faire preuve de pragmatisme dans ses relations extérieures en n’imposant aucune condition à la reprise des relations avec les autres pays. La question qui demeure posée est celle de savoir si le Maroc restera le dernier pays à ne pas reprendre ses relations avec l’Iran, ou adoptera-t-il également la démarche pragmatique et échangera-t-il des ambassadeurs avec Téhéran?