Le Venezuela et l’Algérie sont deux pays qui traversent une situation politique similaire, marquée par des tensions au sujet de la présidence. L’Occident exprime des positions différentes sur cette question. Dans le cas du Venezuela, elle exerce des pressions, tandis que dans le cas de l’Algérie, elle ne fait que suivre l’évolution des événements. La position contradictoire de l’Occident ne repose pas sur des principes démocratiques mais sur des intérêts géopolitiques.
Depuis le 23 janvier, le Venezuela vit une situation politique complexe car le président du parlement Juan Guaido s’est proclamé président par intérim du pays. En Algérie, le peuple rejette avec force la décision du Président Abdelaziz Bouteflia de reporter les élections présidentielles prévues pour le 18 avril.
Dans le cas du Venezuela, le peuple est divisé en deux, une partie soutient inconditionnellement le président Nicolás Maduro, et une autre partie fait le même pour Guaido. Les villes du pays, en particulier la capitale Caracas, sont le théâtre de grandes manifestations des deux camps. Ce qui se passe en Algérie est différent, pour ne pas dire le contraire. La majorité de la population a descendu dans la rue, surtout le vendredi dernier pour exiger le retrait du président Bouteflika; l’instauration de la démocratie et la fin de la corruption.
La Chine et la Russie soutiennent le régime de Maduro au Venezuela parce qu’il est un partenaire stratégique. Ils sont conscients que tout changement dans ce pays affectera sérieusement leurs intérêts. Alors que le changement en Algérie ne va pas entraîner une perte d’intérêts. La diplomatie algérienne continuera d’assurer la coordination avec Pékin et Moscou, et l’armée algérienne restera également alignée avec les deux pays.
L’Occident maintient une position contradictoire sur la question de l’Algérie et du Venezuela. L’Occident a reconnu Juan Guaido comme président par intérim, imposant des sanctions économiques et politiques contre le régime Maduro. Au contraire, dans la crise algérienne, l’Occident, et en particulier la France et les Etats-Unis, ont applaudi les manifestations en faveur de la démocratie, tout en saluant les mesures annoncées par Bouteflika, notamment le report des élections présidentielles. La position contradictoire de l’Occident n’est pas due en grande partie à des principes démocratiques, mais à des facteurs purement géopolitiques : le bénéfice et la perte.
La décision de l’Occident de reconnaître Juan Guaido comme président par intérim vise à mettre fin à la présidence du Chavista Maduro. Washington souhaite voir la fin de la gauche en Amérique Latine et récupérer cette région qu’elle a perdue au cours des deux dernières décennies. En fait, actuellement presque tous les pays d’Amérique Latine sont alignés avec les États-Unis, le Brésil en tête. Ensuite, en accédant à la présidence, Guaido empêchera la Russie d’avoir des installations militaires au Venezuela. C’est aussi interdire à la Chine de contrôler le pétrole vénézuélien, la plus grande réserve du monde.
Malgré ses relations étroites avec la Russie, l’Occident considère l’Algérie comme un pays modéré dans sa politique étrangère. Il traite donc la crise algérienne avec une grande prudence. Il ne veut pas exercer de pression sur le régime afin d’empêcher son effondrement comme ce fut le cas en Libye. Elle évite également de faire pression sur l’armée algérienne car c’est une garantie de stabilité.
L’Europe est consciente que toute déstabilisation de l’Algérie pourrait avoir de graves conséquences. Al-Qaïda est à la frontière sud en attendant une opportunité. Le chaos signifie l’arrivée de milliers de bateaux remplis d’immigrants algériens et africains. L’Europe considère que la stabilité de l’Algérie est vitale parce qu’elle est une source majeure de gaz pour des pays comme l’Espagne, la France, l’Italie et le Portugal. Mais cette obsession de la sécurité n’est pas suffisamment fondée, l’expérience des peuples a montré que la démocratie et la transparence sont les meilleurs outils qui garantissent la stabilité.
Bref, la défense de principes tels que la démocratie est bien présente dans la question vénézuélienne, et disparaît dans la crise algérienne car la géopolitique l’exige: