L’ambassadeur de France au Maroc a été convoqué jeudi par les autorités marocaines pour protester contre une lettre laissée par un opposant marocain à un général marocain hospitalisé à Paris l’accusant de corruption et d’être responsable de milliers de morts. L’ambassadeur de France, Charles Fries, a été reçu par Mohamed Yassine Mansouri, le chef des services de contre-espionnage.
Moustapha Adib, un ex-capitaine de l’armée aujourd’hui opposant au roi du Maroc, raconte sur sa page Facebook qu’il s’est rendu mercredi à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, où est hospitalisé le général Abdelaziz Bennani, ex-numéro deux de l’armée marocaine, et qu’il lui a laissé une lettre dans laquelle il le qualifie de criminel.
Lors de sa rencontre avec l’ambassadeur de France, le chef des services de contre-espionnage a exprimé le “fort mécontentement du royaume” pour “l’agression morale” subie par le général Bennani.
Dans sa lette au général, Moustapha Adib qualifie aussi le roi Mohamed VI de dictateur et accuse le général d’avoir “tué des milliers d’innocents”. L’ex-capitaine a passé deux années en prison au début des années 2000 après avoir adressé une lettre au roi dénonçant la corruption au sein de l’armée marocaine.
L’ambassadeur du Maroc à Paris a émis une protestation auprès du ministère des Affaires étrangères. Le quai d’Orsay n’a pu être joint pour obtenir un commentaire. Selon le communiqué du Maroc, les autorités françaises vont ouvrir une enquête.
Les relations entre la France et le Maroc étaient déjà très tendues depuis une affaire qui remonte au mois de février quand la police française a voulu interroger le chef des services de renseignements marocains lors d’une visite à Paris à propos d’accusations de torture à l’intérieur de ses services. Le Maroc avait alors suspendu sa coopération judiciaire avec la France et avait convoqué l’ambassadeur de France.