Le Washington Post: Le Maroc devrait abandonner les charges absurdes contre Anouzla

Ali Anouzla

Le Washington Post, l’un des plus grands journaux du monde, vient de consacrer aujourd’hui un éditorial à Ali Anouzla, directeur du journal numérique Lakome, considérant que son affaire illustre le problème de la liberté d’expression au Maroc. Cet éditorial d’aujourd’hui est un précédent dans l’histoire de la couverture américaine sur le Maroc car il consacre un éditorial pour la deuxième fois en quelques mois au Maroc et au même sujet. L’éditorial fait la lumière sur les souffrances de la liberté d’expression au Maroc et illustre l’échec du Maroc qui n’arrive pas à améliorer son image, malgré les sommes d’argent colossales qu’il dépense en frais de lobbying politiques aux USA et pour amadouer les médias américains.

L’éditorial du 2 Octobre dernier avait constaté que l’arrestation d’Ali Anouzla était abusive, et avait demandé au Maroc de corriger son erreur. Aujourd’hui, le Washington Post revient à la charge et redemande aux autorités Marocaine de mettre fin à son agression contre Ali Anouzla.

L ´editorial

Cette semaine, le royaume du Maroc a une chance de s’engager sur le bon ou le mauvais chemin. Le bon choix sera plus difficile, mais dans le long terme, il sera très rentable. Le Maroc devrait faire le bon choix en abandonnant la poursuite d’Ali Anouzla, l’un des journalistes les plus éminents du pays, alors puisque les accusations sont destinés uniquement à l’intimider et de réduire au silence les médias.

 M. Anouzla a été enlevé à son domicile à Rabat le 17 septembre après que le site qu’il a cofondé a publié un article en arabe sur une vidéo d’Al-Qaïda qui s’attaque au Roi Mohammed IV qui serait à la tête du « royaume de la corruption et le despotisme » et qui appelle les jeunes à s’engager dans le jihad. M. Anouzla n’a pas posté directement la vidéo sur son site, mais a publié une capture d’écran avec un lien vers le site Web du journal espagnol El País, qui a posté le lien vers la vidéo.

Pour cela, il a été inculpé d ‘«incitation » et « soutien matériel » au terrorisme. Il est passible d’une peine qui peut aller à 20 ans de prison.

La charge est bien évidemment absurde. M. Anouzla, qui a une longue expérience du journalisme qui défie les autorités, a bien signalé dans son article que la vidéo fait de la «propagande» et il a jugé, à juste titre, que l’information méritait d’être publiée.  En tentant de criminaliser l’activité de M. Anouzla, la monarchie fait la démonstration de sa propre insécurité. Au lieu de traiter cette vidéo comme dangereux, ils devraient remercier M. Anouzla pour avoir signalé cette vidéo et en tirer les leçons pour le pays sur les dangers réels du mouvement terroriste.

 La poursuite de M. Anouzla est une erreur dans un sens plus large. Elle suggère que le Roi Mohammed n’est pas prêt ou n’a pas la volonté de continuer sur la voie prometteuse qu’il a commencée avec la libéralisation démocratique après le Printemps arabe. M. Anouzla a appelé la monarchie à libérer les médias publics et garantir un journalisme indépendant. Le mettre en prison pour avoir publié une vidéo d’Al-Qaïda n’est pas un pas dans cette direction.

 Il est évident que le monarque craint que le journalisme insoumis soulève des questions embarrassantes au sujet de sa gouvernance. Tel est le cauchemar tacite des autocrates partout. Ils craignent que la presse libre et le débat ouvert ne viennent saper leur légitimité. Certes, une presse libre peut être irritante, imprévisible et indépendante, mais le fait de l’étouffer ne conduit qu’à plus de pression plus tard et plus de doutes quant à la légitimité.

La prochaine audience dans l’affaire de M. Anouzla est prévue mardi. Le Maroc doit abandonner les charges et se concentrer plutôt sur ​​la façon de garantir les droits des journalistes et la société civile. Ce serait la bonne chose à faire.

Washington Post

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