المغرب يتهم الجزائر باستغلال الأزمة الفرنسية-المغربية للإساءة له وينفي تغيير باريس لموقفها من الصحراء

الرئيس الفرنسي فرانسوا هولند

نفى وزير الخارجية المغربي صلاح الدين مزوار حدوث أي تغيير في موقف فرنسا من الصحراء بل “تدعم مغربية الصحراء الغربية”، وفق التعبير المستعمل، وأشار الى محاولة استغلال الجزائر الأزمة المغربية -الفرنسية لتأزيم الأوضاع أكثر.

وفي الحوار الذي أدلى به لجريدة لوموند في عدد الثلاثاء 3 فبراير، قال الوزير في رده على سؤال حول دور الجزائر “ليس للمغرب أي مشكل في تعزيز فرنسا لعلاقاتها مع الجزائر. ففرنسا دولة حرة في تعزيز العلاقات مع من تريد. ولسنا في وضع تنافس مع الجزائر. فالجزائر دولة جارة نحترمها، ولدينا معها اختلافات كبيرة، ولكن ليس الى مستوى اعتبار كل من يعزز العلاقات معها يتحول الى عدو لنا. ليس ثقافتنا وليس رؤيتنا. ولكن أقول أن المغرب لن يقبل نهائيا أن العلاقة مع دولة أخرى يمكن توظيفها ضده”.

ويضيف موضحا “ولدينا إحساس أن الجزائر قامت عمليا (بتعزيز علاقاتها مع فرنسا) لتهاجم المغرب والعلاقات المغربية-الفرنسية”. وعندما سألته الصحفية حول التفاصيل، رفض الوزير تقديم تفاصيل في الموضوع.

ومقابل التراجع الكبير الذي سجلته العلاقات المغربية-الفرنسية طيلة الأزمة، شهدت العلاقات الجزائرية-الفرنسية تطورا ملحوظا، ووصل الى مستوى اشتراط الجزائر على باريس عدم مشاركة المغرب في محاربة الإرهاب في مالي وليبيا.

ومن جانب آخر، نفى صلاح الدين مزوار تغيير فرنسا لموقفها من نزاع الصحراء، وقال “تحافظ فرنسا على الموقف نفسه من -مغربية الصحراء الغربية- واحترمت ذلك ليس من أجل إرضاء المغاربة بل لاقتناعها بموقفها”. ونفى كذلك معالجة مل الصحراء في مباحثات الصلح التي جرت في باريس.

وساد نوع من القلق من احتمال برودة موقف فرنسا في الصحراء، بعدما تجنبت دبلوماسية باريس في مناسبات متعددة الحديث عن الحكم الذاتي علاوة عل حضور وزير الزراعة ستيفان لوفول نشاطا لجمعيات متضامنة مع البوليساريو في مدينة لومان في بداية يناير الماضي.

الحوار الكامل الذي أجرته جريدة لوموند مع مزوار يوم 3 فبراير

” Le Maroc exige le respect, la considération ”
Le chef de la diplomatie marocaine, M. Mezouar, justifie la reprise de la coopération judiciaire avec la France

La France et le Maroc ont annoncé, samedi 31 janvier, le rétablissement de leur coopération judiciaire. Le précédent accord avait été suspendu en février 2014, après le dépôt d’une plainte pour torture, qui court toujours, visant le chef du renseignement marocain, Abdellatif Hammouchi. Le ministre des affaires étrangères du Maroc, Salaheddine Mezouar, revient pour Le Monde sur cette année de tension diplomatique.
La France et le Maroc reprennent leur coopération judiciaire après une année de brouille. Qu’est-ce qui a permis ce déblocage ?
C’est la résultante d’un processus. Il y a eu beaucoup de travail, de discussions. Du côté français, on a aussi pris conscience qu’il ne s’agissait pas d’une saute d’humeur du Maroc mais d’une exigence liée à une demande de respect : de nos institutions, de notre cadre judiciaire, de nos engagements mutuels. Certains événements ont touché à la crédibilité de la justice marocaine et à celle de responsables marocains. Il y avait donc un problème qu’il fallait régler. Notre cadre de coopération judiciaire avait besoin d’être mis à jour.
Cet accord permet de sortir par le haut. Le contact permanent entre nos deux chefs d’Etat, le fait qu’ils aient toujours affirmé leur attachement à cette relation, a été un élément important.
L’objectif du Maroc était de faire en sorte que ce qui s’est passé en février 2014 avec M. Hammouchi ne puisse plus se reproduire. Avez-vous obtenu satisfaction ?
Ça – l’événement de février 2014 – a été un élément déclencheur. Que l’on puisse porter atteinte à l’intégrité et à la dignité d’un haut responsable qui a toujours aidé la France était cavalier. Il n’est pas acceptable que la justice française soit utilisée pour porter atteinte à d’autres.
Le Maroc refusera toujours que quiconque puisse se comporter avec lui de cette manière. Ce n’est pas spécifique à la France. Le -Maroc exige le respect, la considération. Il ne demande ni immunité ni impunité. Ce qui est important, c’est l’interaction entre les deux justices. C’est le b.a.-ba d’une coopération judiciaire. On ne peut pas juger une affaire en France sur des supputations.
Avec ce nouvel accord, l’épisode de février 2014 pourrait-il se reproduire ?
En tout cas, il ne pourra pas se reproduire de la même manière.
C’est-à-dire ?
Avec un juge qui décide en vingt-quatre heures de traiter le dossier, d’envoyer une convocation, de passer outre toutes les convenances diplomatiques et d’aller à la résidence d’un ambassadeur censé être protégé par les accords de Vienne. N’est-ce pas le principe de l’indépendance de la justice : faire son travail indépendamment des considérations politiques ? Personne ne lui conteste le droit de faire son travail. Qu’elle fasse son travail, pas plus. Et -surtout qu’elle ne considère pas que la justice de l’autre n’est pas une justice.
Quels sont les éléments -nouveaux contenus dans cet accord ?
Les détails seront donnés au moment opportun. Le plus important, c’est que les deux ministres de la justice se sont mis d’accord sur les nouveaux fondements. Cela veut dire qu’il y a une volonté commune de faire évoluer le dispositif pour qu’il apporte la sérénité dans la relation.
Vous aviez évoqué, début -janvier, une confiance ébranlée du Maroc envers la France. Etes-vous rassuré ?
C’est l’épreuve des faits qui va le démontrer. Nous avons toujours été clairs et loyaux dans notre relation car nous pensons que la confiance est fondamentale, d’autant plus lorsque la relation est forte comme elle l’est avec la France. Quand cette confiance est ébranlée, il y a problème.
Certains ont avancé comme raison à cette crise de -confiance la coopération -renforcée de la France avec -l’Algérie. Est-ce le cas ?
Le Maroc n’a aucun problème avec le fait que la France renforce sa relation avec l’Algérie. La France est libre de nouer des relations avec qui elle veut. Nous ne sommes pas en concurrence avec l’Algérie. L’Algérie est un pays voisin que nous respectons, avec lequel nous avons un gros différend, mais pas au point de considérer que tous ceux qui nouent une relation avec elle deviennent nos ennemis. Ce n’est pas notre -culture ni notre vision. Mais j’ai dit aussi que le Maroc n’acceptera jamais qu’une relation avec un autre pays puisse être utilisée contre lui.
Notre sentiment, c’est qu’effectivement l’Algérie a cherché à utiliser cela pour nuire au Maroc et à la relation franco-marocaine.
De quelle façon ?
Il y a eu plusieurs faits. Je n’ai pas besoin de rentrer dans les détails.
Pourquoi ne pas avoir pris part à la marche républicaine du 11 janvier à Paris ?
Car nous refusons les amalgames. Le Maroc a exprimé sa solidarité avec la France car il rejette toute forme de violence contre des innocents, mais le Maroc refuse aussi que l’on touche aux sensibilités. Exercer sa liberté ne veut pas dire affecter celle de l’autre. Tout le monde connaît la sensibilité que représente le -Prophète pour les musulmans. Qu’est-ce que cela apporte de publier des caricatures ?
La France était en train de vivre un moment historique et nous avions espéré qu’à cette occasion, il n’y ait pas encore ce type de -provocations. Je n’étais pas obligé d’accepter de participer à une marche où il y avait ces caricatures parce que j’aurais également touché la sensibilité des miens. Les Marocains sont un peuple très attaché à sa religion et à son -prophète.
Pour les manifestants, il ne s’agissait pas de provocations mais de liberté d’expression…
Oui, mais la liberté doit aussi respecter la liberté des autres. Il ne faut pas considérer sa liberté comme la seule vérité. La France n’est pas la conscience du monde.
Dans le cadre des discussions sur la coopération judiciaire, avez-vous demandé à la France des garanties sur la question du Sahara occidental ?
Non. La France a toujours eu la même position concernant la -marocanité du Sahara occidental et elle l’a toujours respectée, non pour faire plaisir aux Marocains mais parce qu’elle est convaincue de sa position. Jamais nous n’avons évoqué cette question.
La preuve, c’est que pendant cette soi-disant crise, la France a toujours gardé la même attitude au Conseil de sécurité des Nations unies.
La confiance avec la France est aujourd’hui rétablie ?
Je l’espère. La signature de cet accord entre les deux ministres de la justice est un premier pas important. Avec mon homologue, Laurent Fabius, nous allons achever le processus.La rencontre aura lieu le plus tôt possible en fonction de l’agenda de l’un et de l’autre.
Propos recueillis par, Charlotte Bozonnet

مقالات ذات صلة

Sign In

Reset Your Password