Le pouvoir judiciaire espagnol a décidé lundi de cette semaine de classer provisoirement l’affaire enquêtant sur le dossier d’espionnage Pegasus sur un certain nombre de responsables en raison du manque de coopération judiciaire de la part d’Israël, et a demandé au gouvernement de Madrid d’agir diplomatiquement à cet égard.
L’année dernière, le gouvernement espagnol a annoncé que son président, Pedro Sanchez, et d’autres ministres avaient été espionnés par le logiciel Pegasus de la société NSO. La presse a fait allusion à l’implication supposée du Maroc dans cette opération d’espionnage, ce que le gouvernement de Rabat a fermement rejetée. La justice espagnole a enquêté sur l’affaire et n’a accusé ni inculpé aucune partie. La Cour Nationale, qui est en charge des dossiers importants, a enquêté sur ce dossier et a estimé que le moyen le plus efficace serait d’auditionner le directeur de la société israélienne NSO, en l’absence de preuves évidentes pour porter des accusations contre des protagonistes particuliers.
Le juge en charge de l’affaire, José Luis Clama, a commencé l’enquête et a demandé à auditionner les dirigeants de l’entreprise, mais Israël n’a pas répondu à la demande ni au cours de l’année écoulée ni au cours des dernières semaines. Face à cette situation, la justice a décidé lundi de cette semaine de classer temporairement le dossier et le juge a considéré que l’État espagnol devrait ouvrir des pourparlers avec Israël afin de parvenir à un accord pour reprendre l’enquête à l’avenir, et même laisser le classement ouvert tout au long de cette semaine si le gouvernement le juge approprié. Les experts en matière judiciaire estiment que l’affaire pourrait conduire à un mandat d’arrêt international à l’endroit des dirigeants de la société israélienne si les efforts diplomatiques échouent.
L’enquête judiciaire souligne comment l’espionnage des téléphones des représentants du gouvernement a mis en danger « la sécurité nationale de l’État ». L’accent a été mis sur le téléphone du Premier Ministre Pedro Sánchez, qui a été piraté cinq fois entre octobre 2020 et décembre 2021, et la plus grave attaque s’est opérée entre le 19 et le 22 mai 2021, lorsque 2,75 Go de données lui ont été piratées.
Le rapport du juge, vu par Al-Quds Al-Arabi, souligne que le Centre National de la Cryptographie (CCN) et le Centre National du renseignement (CNI) ont déclaré à la Cour nationale en février dernier qu’à l’heure actuelle « il est impossible de déterminer qui est derrière l’opération d’espionnage ». En conséquence, le juge Clama a décidé que « l’enquête restera ouverte jusqu’à ce qu’Israël réponde à la commission rogatoire ou que de nouvelles preuves émergent pour déclencher l’investigation ». Le journal El Mundo a vivement critiqué la décision d’Israël de ne pas répondre à quatre reprises à la demande des commissions rogatoires, affirmant qu’il s’agissait d’un « mauvais comportement parmi les pays considérés comme démocratiques ».
Les opérations d’espionnage ont été menées à partir du compte de messagerie Linakeller2203@gmail.com, et on ne sait pas qui a ouvert ce compte, ce qui constitue le début de l’espionnage. La discussion est actuellement vive parmi les experts : Comment les pirates de Pegasus ont-ils réussi à infiltrer cinq fois le téléphone du Premier ministre sans que des barrières numériques ne les en empêchent, à un moment où la protection du téléphone du Premier ministre devrait être une priorité absolue des centres de renseignement et de cryptage.
Le sujet de Pegasus était au cœur du débat entre le Premier ministre Sanchez et le chef de l’opposition Núñez Fijo, lors d’une confrontation télévisée diffusée lundi soir à l’occasion des élections législatives prévues le 23 juillet. Le chef de l’opposition a exigé que le Premier ministre révèle les faits et explique si Pegasus était lié à son changement d’attitude sur le conflit du Sahara, ce que Sanchez a nié avec véhémence. Les partis demandent au Premier ministre d’activer les efforts diplomatiques afin qu’Israël puisse accepter des commissions rogatoires pour auditionner les directeurs de Pegasus